Fournisseur historique de CDN (réseau de diffusion de contenu), Akamai arrive sur le marché des services cloud, suite à l’absorption de la société Linode, complétée par la mise en service d’une série de datacenters et des efforts en matière de conformité réglementaire.
Akamai Technologies, le géant des réseaux de diffusion de contenu (CDN), peaufine son arrivée sur le marché des services cloud, et plus précisément du IaaS. Pour compléter ses offres CDN et cybersécurité (zero trust et WAF), la firme de Cambridge (dans le Massachusetts) entend développer la plateforme cloud issue du rachat de Linode en 2022. Comme nous l’a expliqué, Jérôme Renoux, vice président France chez Akamai, « l’idée est de proposer à nos clients, une complémentarité cloud en misant sur nos points forts (CDN et cybersécurité) afin de naturellement séduire une cible avec laquelle nous travaillons déjà dans les entreprises : les développeurs. Ces derniers sont en effet très souvent prescripteurs pour le choix de la plateforme cloud hébergeant leurs applications ».
Fondé en 2003 et racheté début 2022 pour un montant de 900 millions de dollars, Linode employait un peu plus de 250 personnes et opérait dans 185 pays pour un chiffre d’affaires d’une quarantaine de millions de dollars. Positionné sur les segments du compute (CPU dédié, partagé, GPU…), du stockage (bloc, objet…) avec des outils d’orchestration cloud (DNS, répartition de charge et VLAN) et de développement (Terraform, Ansible…), Linode vient donc assurer les fondations de l’offre Connected Cloud d’Akamai. Il n’est pas vraiment question de concurrencer les géants AWS, Azure ou GCP, mais plutôt des acteurs locaux comme OVH ou Scaleway, nous a expliqué le dirigeant français, en misant sur la proximité avec les services CDN et une tarification compétitive où le trafic entrant vers la plateforme cloud n’est pas facturé, si le client utilise déjà le CDN maison. Comme le précise Akamai sur son site web, « la variabilité de certaines charges de travail, telles que les environnements de développement et les sites web, rend difficile la prévision de ces coûts de transfert et des budgets. Le stockage objet et bloc d’Akamai Cloud Computing comprend un transfert entrant gratuit et un transfert sortant de 1 To, ce qui permet aux développeurs de se concentrer sur le développement et non sur la budgétisation ». Un positionnement astucieux, qui exonère des coûts cachés – options indispensables et remises caduques – alourdissant la facture chez certains hyperscalers.
Avec sa plateforme Connected Cloud, Akamai entend lier ses ressources CDN aux piles cloud issues du rachat de Linode. (Crédit : Akamai)
HDS et SecuNumCloud en vue
Pour monter en puissance sur le marché du cloud, le fournisseur de Cambridge compte ouvrir 24 régions dans le monde d’ici fin 2013, dont une zone France (Paris et Marseille) en mars prochain. Rappelons qu’Akamai est déjà présent dans 135 pays, avec un peu plus de 80 personnes dans l’Hexagone. Jérôme Renoux compte également s’appuyer sur les 16 ISP qui travaillent déjà avec Akamai en France pour accompagner le développement de son offre cloud. Selon Akamai, les applications modernes se décomposent de plus en plus en une série de microservices. Dans de nombreux cas, ces microservices doivent être répartis sur une zone géographique étendue, ce qui crée des besoins informatiques différents de ceux pris en charge par la plupart des fournisseurs de cloud. L’objectif est de fournir une infrastructure destinée aux machines virtuelles, aux conteneurs sur des ressources traditionnelles, serverless ou « virtual bare-metal », afin de mettre en œuvre des applications cloud natives centralisées ou en mode edge. Pour accompagner le travail des développeurs, Akamai peut également compter sur la marketplace – très open source – de Linode qui propose des applications et services pour réaliser plus rapidement ses projets. On retrouve par exemple les bases de données Redis, PostgreSQL, MariaDB et MongoDB.
L’autre avancée d’Akamai sur ce sujet est une politique de mise en conformité, conçue pour garantir le support des normes ISO 27001, SOC 2 et HIPAA (Health Insurance Portability and Accountability Act) aux entreprises qui en ont besoin, donnant ainsi plus d’opportunités de profiter du cloud computing dans des secteurs hautement réglementés. Jérôme Renoux nous a confié qu’il travaillait sur les certifications HDS (hébergement des données de santé) et SecNumCloud – dans un second temps – en France, même si le secteur public n’est pas une cible prioritaire aujourd’hui. Des partenariats sont également en cours de finalisation avec des SSII (Atos, Capgemini ou encore Kyndryl) et des acteurs spécialisés comme Claranet ou Ecritel.