
Dans son rapport sur l’état de l’Internet en France, l’Arcep constate une accélération de l’adoption d’IPv6 par les opérateurs. Par ailleurs, le trafic Internet entrant reste en croissance de plus de 9% par rapport à 2023. Le régulateur va aussi se pencher sur l’IA et le cloud dans les prochains mois.
Comme chaque année, l’Arcep dresse un état des lieux de l’Internet en France. L’occasion pour le régulateur de donner des statistiques sur des sujets comme l’adoption d’IPv6 ou le niveau du trafic Internet entrant. Sur le premier point, l’autorité dirigée par Laure de la Raudière donne un satisfecit aux opérateurs.
Une adoption d’IPv6 sur la bonne voie
Elle constate en effet dans un baromètre que « la transition IPv6 se fait plus rapidement du côté des opérateurs que du côté des hébergeurs et autres acteurs du contenu ». A la fin 2024, 87 % des clients du réseau fixe ont de l’IPv6 activé, contre 70 % sur le mobile. Par contre, pour les fournisseurs de contenu et hébergeurs, 35 % des sites web sont disponibles en IPv6 (23 % pour les e-mails). Ce dernier chiffre peut paraître faible, mais l’Arcep constate une accélération avec un taux d’IPv6 pour les emails qui a triplé en deux ans.
Selon l’autorité, la quasi-totalité des clients grand public devraient avoir une connectivité IPv6 d’ici fin 2027. Elle observe plusieurs phénomènes dans les prochains mois comme l’activation par défaut de l’IPv6 chez Free Mobile courant 2025. Par-contre, SFR est un peu en retrait et sa mise en vente ne devrait pas accélérer les investissements dans ce domaine. Carton jaune aussi pour les sites gouvernementaux où seulement 7% sont disponibles en IPv6 en 2024.
Le trafic Internet entrant poursuit sa croissance modérée
Dans le rapport, l’organisme se penche sur les interconnexions réseau et donc sur le trafic Internet entrant. Sur ce point, elle constate une progression de 9,2% de ce trafic en atteignant 50,8 Tbit/s contre 46,5 Tbit/s à la fin 2023. Même si la croissance est importante, elle reste plus mesurée que le pic de 2021 et 2022 (+21%). Dans le détail, près de 47 % du trafic vers les clients des principaux FAI en France provient de cinq acteurs : Netflix (12,3%), Google (7,3%), Akamai (12,2%), Meta (5,4%) et Amazon (8,6%). On notera que la part du trafic de ces acteurs a baissé par rapport à 2023 qui plafonnait à 53%.
Cloud et IA : les prochains chantiers de l’Arcep
Dans son rapport annuel, le gendarme des télécoms rappelle que la loi SREN (sécuriser et à réguler l’espace numérique) lui octroie des missions supplémentaires en particulier sur le marché du cloud. Il milite pour une cadre facilitant le changement de fournisseur. Pour cela, il a mis en place une consultation publique sur des recommandations et des bonnes pratiques en la matière. Dans un discours aux Assises du très haut débit, Laure de la Raudière appelle la Commission européenne à sa saisir du sujet en désignant les grands acteurs IT comme gatekeepers pour leurs services cloud. Sans cela « l’histoire va se répéter : de nouvelles barrières à l’entrée de petits acteurs innovants vont s’ériger ».
Les inquiétudes sont similaires sur l’IA où la dirigeante souhaite également que l’UE intervienne « La capacité d’interaction des nouveaux modèles d’IA des hyperscalers avec leurs services numériques traditionnels (moteurs de recherche, services de cartographie, plateformes vidéo…) constitue un risque majeur de verrouillage de certains services. De même, l’accès aux ressources clefs pour le développement de l’IA que sont la puissance de calcul, l’énergie et les compétences devraient être facilité pour les acteurs émergents », indique-t-elle. Mais le régulateur travaille de son côté sur l’impact des IA génératives sur l’internet. Dans ce cadre, il doit prochainement présenter des analyses et des recommandations pour concilier la montée en puissance des IA génératives et un Internet ouvert.