Pour concurrencer les offres américaines de Microsoft et Google, Nextcloud lance Workspace, une solution SaaS open source et européenne, développée en partenariat avec l’hébergeur Ionos.
Les alternatives européennes aux suites bureautiques et collaboratives américaines s’étoffent avec la récente annonce de Nextcloud. Ce dernier dévoile Workspace, une offre SaaS développée en partenariat avec l’hébergeur allemand Ionos. Elle comprend des outils bureautiques, du stockage cloud, de la messagerie, la visioconférence, de la et des fonctionnalités IA. A noter que l’éditeur germanique propose depuis plusieurs années une solution open source en local baptisée Hub.
Selon Frank Karlitschek, fondateur et DG de Nextcloud, l’objectif est de proposer une solution plus simple d’accès pour les entreprises : « Jusqu’ici, il fallait choisir entre la facilité d’un service en ligne comme ceux de Microsoft ou Google, et la maîtrise d’une solution open source locale. Workspace combine les deux approches. » Le service, attendu pour le 4 novembre, sera proposé sur abonnement par utilisateur. Les mises à jour logicielles seront assurées par Nextcloud, tandis qu’Ionos gérera l’infrastructure et les sauvegardes. Les tarifs n’ont pas encore été communiqués.
Des offres ajustées au marché européen
Les entreprises européennes sont de plus en plus attentives à la localisation et au contrôle de leurs données. Selon Frank Karlitschek, cette sensibilité s’est renforcée avec les incertitudes liées aux relations transatlantiques et à la politique commerciale américaine. « Plusieurs événements récents ont servi de signal d’alerte pour les entreprises et administrations européennes, qui cherchent davantage de garanties sur la fiabilité et la pérennité de leurs fournisseurs », indique-t-il.
Pour se défendre Les éditeurs américains ont multiplié les initiatives pour rassurer leurs clients. Microsoft, par exemple, a lancé M365 Local et le service Data Guardian, destiné à garantir un accès restreint aux données depuis le territoire européen. Néanmoins, certaines entreprises continuent de s’inquiéter de la portée extraterritoriale du Cloud Act et du FISA, susceptibles donner accès aux données aux autorités américaines.
Un intérêt croissant mais mesuré
Une enquête d’IDC Europe, sur la souveraineté numérique mondiale a révélé que la protection contre les demandes d’accès extraterritoriales reste la première motivation des organisations pour adopter des solutions de confiance. L’enquête indique par ailleurs que les entreprises européennes ont accru leur intérêt pour cette thématique en 2025, dans un contexte de tensions économiques et géopolitiques.
Cependant, ce mouvement reste limité : moins de 5 % des répondants envisagent d’abandonner totalement les fournisseurs de cloud américains au profit d’acteurs locaux. « Les entreprises réévaluent leurs choix, mais on ne constate pas de basculement massif », souligne Rahiel Nasir, directeur de recherche chez IDC Europe. Malgré cela, Nextcloud observe une hausse significative des sollicitations. « Nous enregistrons trois fois plus de demandes que l’an dernier. Les projets sont encore longs à se concrétiser, mais la tendance se confirme », conclut Frank Karlitschek. A noter qu’en France, plusieurs solutions existent comme Wimi, Jamespot, Linagora,…
Selon une enquête d’IDC Europe, la protection contre les demandes d’accès extraterritoriales est le principal moteur de l’adoption de solutions souveraines par les entreprises européennes. (Crédit: IDC)