French Tech, une réussite en trompe l’oeil

L’édition 2025 du panorama de l’écosystème French Tech fait ressortir que 56 % des start-ups sont créées en région. Mais seulement 7% des financements sont captés hors Île-de-France.

Comment se porte l’écosystème de la French Tech ? Tout dépend de quel côté de la balance on se place. D’après Xavier Dalloz « le mythe des licornes françaises masque une réalité bien plus fragile. Derrière la success story médiatique, la France n’a pas bâti un modèle technologique souverain, mais une vitrine de start-ups dépendantes, surfant sur des technologies étrangères », écrit le consultant spécialisé dans le conseil en stratégie dans une chronique publiée sur La Tribune. Mais dans un dernier rapport publié par la French Tech, les signaux semblent plutôt au vert avec 450 000 emplois directs créés pour 18 000 start-ups actives en 2025.

« Partout en France, la deeptech, la greentech, l’industrie, la santé et l’intelligence artificielle gagnent du terrain », assure Julie Huguet, directrice de la mission French Tech. « L’essor de l’IA illustre bien cette dynamique : 44 % des start-ups du secteur naissent en région, appuyées par neuf clusters répartis sur tout le territoire. Mais seuls 7 % des financements y sont réalisés. Il est urgent de rééquilibrer ces soutiens pour donner à ces entreprises les moyens de devenir les futurs champions français ».

Une dynamique régionale en early stage

Cette enquête fait ressortir par ailleurs une dynamique d’investissement contrastée en fonction des territoires avec des levées de fonds toujours fortement concentrées en Ile-de-France (47 %). Sur les 3 800 M€ levées dans le cadre de série C ou plus (de 30 à 100 M€), 2,4 Md€ de fonds l’ont été pour la seule Ile-de-France. A l’inverse, c’est région que la part des opérations early stage (pre-seed) est la plus forte (plus de 50 %). Parmi les levées de fonds notables en région on retiendra Scintil en Auvergne-Rhône-Alpes positionnée dans les circuits intégrés photoniques (50 M€) mais les plus importantes sont en Ile-de-France : MistralAI (1,7 Md€), Sipearl (130 M€) et Alice&Bob (100 M€).

Faut-il pour autant sabrer le champagne ? Rien n’est moins sûr : « Sur le plan de l’image, la French Tech a été une réussite : elle a rendu visible un écosystème entrepreneurial longtemps sous-estimé. Mais cette visibilité s’est payée au prix fort », prévient Xavier Dalloz. « À force de célébrer les levées de fonds, les valorisations et les classements de licornes, la France a négligé l’essentiel : la recherche, l’industrie, et la souveraineté technologique. Nous avons préféré la forme au fond, l’apparence du succès à la construction des fondations ».

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