Red Hat garde le cap sur le cloud et l’IA

A l’occasion du Red Hat Summit à Paris, le fournisseur de solutions open source a donné la parole à ses clients. Amadeus a partagé son expérience de migration vers le cloud. De son côté, BNP Paribas a détaillé la mise en place d’une plateforme LLM as a service.

La foule était nombreuse à la Maison de la Mutualité à Paris pour le Red Hat Summit qui se déroule du 5 au 6 novembre 2025. Si la première journée était focalisée sur des ateliers techniques, la seconde a donné la parole aux clients sur différentes thématiques comme le cloud et l’IA. Rémy Mandon, directeur général de Red Hat France, indique que la France est aujourd’hui dans un paradoxe en citant les résultats d’une étude réalisée pour le compte de l’éditeur open source, « une grande majorité d’entreprises françaises investissent de plus en plus dans l’IA, mais elles sont 89% à ne pas voir ou qualifier la création de valeur ». Pour lui, il existe plusieurs freins au développement de l’IA «  le coût, car cela coûte cher aujourd’hui de faire de l’IA, les questions de confidentialité et les silos persistants entre les métiers et l’IT pouvant entraîner du shadow IA ».

Le dirigeant n’oublie pas le cloud, qui est la deuxième priorité des responsables IT interrogés dans l’étude. Par rapport à l’année précédente, « la souveraineté devient un sujet important », glisse Rémy Mandon. Il ajoute, « l’open source est une réponse à cette problématique » et profite de l’évènement pour annoncer la disponibilité prochaine (en janvier 2026 pour la France) de l’offre Confirmed Sovereign Support. Celle-ci propose une assistance technique dédiée en Europe et dispensée par des experts européens pour les opérations IT critiques ou soumises à des contraintes réglementaires.

Amadeus en piste pour une migration massive sur le cloud

Pour évoquer le cloud, Red Hat France a convié sur scène Sylvain Roy, le CTO d’Amadeus, pour parler de sa stratégie de migration vers le cloud. « Il s’agit d’un projet majeur sur 5 ans et qui a mobilisé près de 1 000 personnes. C’est probablement un des plus gros projets de migration dans le monde », explique-t-il en préambule. Amadeus est un fournisseur IT pour l’industrie du voyage (aéroports, compagnies aériennes, agences de voyage,…) qui gère aujourd’hui plus de 20 régions cloud (sur différents fournisseurs), 1,5 million de transactions par seconde, 10 000 services web et des milliers de liens et protocoles. « Nous avons un système massif », reconnait Sylvain Roy et « nous l’avons fait évoluer avec les différentes tendances IT, mainframe, serveurs sous Unix, Linux, conteneurisation, plusieurs clouds privés, puis de l’hybride ». En 2021, le choix a été fait de choisir uniquement le cloud public comme socle de fondation avec la plateforme OpenShift de Red Hat. « Cette décision s’explique par le besoin d’aller vite et de pouvoir accéder aux technologies les plus récentes. Avec deux clouds (privés et publics), ce besoin de vitesse était difficile à atteindre et impliquait plus d’investissements », observe le CTO.

Sylvain Roy, CTO d’Amadeus, a détaillé les différentes étapes de la migration vers le cloud public. (Crédit Photo: JC)

En Europe, le travail de migration a consisté notamment à mettre en place plusieurs régions cloud à partir du datacenter historique d’Amadeus en Allemagne. « Nous avons 5 régions et 2 points de présence. Un nombre important qui se justifie par le fait d’avoir des besoins spécifiques en terme de capacité ». souligne-t-il. Et de citer le mystérieux pic de janvier, « dans le monde du voyage, le mois de janvier connait systématiquement un pic de trafic qui augmente d’année en année. Il faut donc s’y préparer et mobiliser des machines auprès des fournisseurs de cloud ». Cette diversité s’inscrit aussi dans le plan de résilience (disaster recovery). Un travail d’architecture qui a pris du temps, « pendant les deux premières années, nous avions migré que 5 applications dans le cloud sur les 600 prévues », se souvient Sylvain Roy. Il précise également que cette bascule, « a changé notre approche qui était initialement basée sur le best of breed, mais nécessitait des efforts d’intégration vers la philosophie cloud où les stacks sont complètement intégrés ». Une opération payante, car aujourd’hui « 90% des applications ont migré ».

BNP Paribas développe sa plateforme de LLM as a service

Pour la thématique de l’IA, Red Hat a donné la parole à BNP Paribas et la mise en place d’une plateforme LLM as a service. Nguyen Xuan-Son, chef des technologies IA et innovation dans la division IT du groupe bancaire, indique que le projet a démarré en 2024 en observant la montée en puissance des usages de la GenAI. « Au début, nous avons constaté plusieurs problèmes avec l’usage des GPU. Ainsi, ils étaient alloués à chaque entité avec au final un taux d’utilisation faible. Autre point de friction, tous les modèles ne fonctionnent pas de la même façon sur les GPU rendant difficile la question de l’orchestration », rapporte-t-il. L’idée a donc été de s’appuyer sur « un seul service unifié à l’échelle du groupe avec un mix de GPU et une couche d’orchestration ».

Nguyen Xuan-Son, chef des technologies IA et innovation dans la division IT de BNP Paribas a expliqué les raisons de la création d’une plateforme LLM as a service. (Crédit Photo: JC)

Et les gains sont au rendez-vous, « nous sommes passés entre 4 à 10% d’utilisation des GPU à plus de 70% », constate Nguyen Xuan-Son. Sur la partie orchestration de la compatibilité des LLM avec les GPU, BNP Paribas s’est appuyé sur OpenShift AI. Dans les prochains mois, le responsable entend bien enrichir la plateforme « en personnalisant les IA avec le RAG et en passant par du fine tuning ». Un autre axe de travail est lié « à la cybersécurité et la gouvernance avec des garde-fous, de la red team,… ». Enfin, il entend bien mener des efforts sur les coûts de l’IA « en regardant les accélérateurs de Groq et de Cerebras ».  

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