Bisbilles sur le partage de la bande de fréquence 6 GHz en Europe

La WiFi Alliance et la Dynamic Spectrum Alliance s’élèvent contre une possibilité de blocage en Europe de la partie supérieure de la bande de fréquence 6 GHz aux seuls opérateurs télécoms pour leurs réseaux 5G et 6G.

Une demande d’arbitrage a été sollicitée par la WiFi Alliance et la Dynamic Spectrum Alliance à la vice-présidente exécutive de la Commission européenne Henna Virkkunen de soutenir l’attribution de la bande supérieure 6 GHz (6425-7125 MHz) à une utilisation sans licence. Les signataires de cette lettre représentent une large coalition comprenant associations industrielles, fabricants d’équipements, fournisseurs d’accès à Internet, de puces, opérateurs d’accès à la fibre optique, services d’applications de contenus… Ces derniers sont bien décidés à veiller à ce que le WiFi soit bien associé à la 5G ainsi qu’à la fibre optique et à la connectivité satellitaire pour « soutenir la décennie numérique européenne ». En clair, que ce type de connectivité ne finisse pas par se faire dépasser, en particulier par un réseau cellulaire dont les performances explosent depuis quelques années. L’été dernier dans le cadre de tests, Orange a annoncé être parvenu à atteindre des débits descendant allant jusqu’à 1,6 Gb/s pour une largeur de bande de 100 MHz avec une pointe théorique doublée en extrapolant à 200 Mhz.

Un point d’achoppement central

Le cœur du problème réside dans le fait que les dernières normes WiFi, telles que 6E et 7, sont capables d’utiliser les fréquences de toute la bande 6 GHz pour offrir de meilleures performances. Mais les opérateurs mobiles lorgnent également cette bande pour leurs services réseau 5G et 6G. Or le groupe pour la politique en matière de spectre radioélectrique (Radio Spectrum Policy Group, RSPG) de la Commission européenne étudie actuellement les moyens de partager la bande supérieure de 6 GHz entre les technologies exemptées de licence, telles que le WiFi et les réseaux mobiles. La WiFi Alliance et la Dynamic Spectrum Alliance souhaitent qu’au moins 320 MHz de la bande supérieure de 6 GHz soient mis à disposition pour le WiFi. Pour l’heure, seule la partie inférieure de la bande est déjà exemptée de licence.

« Bloquer l’accès WiFi à la bande supérieure de 6 GHz serait catastrophique pour l’avenir de la technologie WiFi en Europe », avancent les deux groupes dans leur lettre conjointe. « Ce spectre occupe une place unique pour soutenir l’évolution de l’écosystème WiFi et permettre la prochaine génération d’innovations numériques. Réserver ce spectre essentiel à des déploiements 6G hypothétiques qui pourraient ne jamais voir le jour, au détriment de la technologie WiFi 6 GHz avancée qui existe déjà et qui peut offrir des avantages tangibles en matière de connectivité aux consommateurs et aux entreprises européens, serait une grave erreur.

La position allemande favorable aux réseaux cellulaire

L’affaire semble loin d’être gagnée d’avance au regard de la position allemande sur ce sujet. Un porte-parole du ministère fédéral allemand des Transports et des Infrastructures numériques a déclaré au journal Heise Online que les besoins en fréquences des opérateurs de réseaux mobiles dans la bande supérieure de 6 GHz sont jugés plus importants dans la perspective des futures applications 6G que ceux des applications WiFi.« Si cette position est adoptée lors de la prochaine réunion plénière du RSPG le 12 novembre, il manquera à son mandat qui consiste à étudier l’utilisation efficace sur une base partagée de la bande supérieure de 6 GHz par les technologies sans licence, telles que le WiFi, et les réseaux mobiles, tels que la 5G », préviennent les promoteurs du réseau sans-fil9. 

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