Huawei mise sur le WiFi 7 Advanced avec des fonctions sécurité et IA inédites 

Le constructeur chinois intègre dans ses derniers points d’accès WiFi 7 AirEngine des technologies anticipant la norme WiFi 8, des capacités de détection de caméras cachées et une gestion avancée du réseau exploitant des ressources IA. 

Lors du Huawei Connect Europe, organisé cette année à Madrid le 29 octobre 2025, Christophe Batiard, vice-président Europe solutions réseaux chez Huawei, nous a présenté les innovations de l’équipementier dans le domaine des réseaux sans fil et de l’infrastructure campus. Le constructeur positionne désormais sa gamme WiFi 7 AirEngine sous l’appellation maison WiFi 7 Advanced, une dénomination qui reflète l’intégration anticipée de fonctionnalités normalement attendues avec la future norme WiFi 8. 

WiFi 7 Advanced : anticiper le WiFi 8 

Le fournisseur de Shenzhen a décidé de marquer sa différenciation technologique en commercialisant sa dernière génération de points d’accès AirEngine sous le nom de WiFi 7 Advanced. « Nous avons déjà commencé à intégrer certaines technos qui seront dans le WiFi 8 », explique Christophe Batiard. Cette stratégie permet au constructeur d’exploiter dès maintenant des capacités avancées qui ne seront standardisées que dans la prochaine génération de la norme WiFi. Le positionnement de Huawei a d’ailleurs été salué par Gartner, qui classe l’équipementier dans le carré des leaders pour le WiFi et les solutions campus. L’une des innovations présentées par le dirigeant concerne la sécurité physique des réseaux WiFi. Huawei a développé un système de protection active (Transmission Security) qui va bien au-delà du simple chiffrement WPA traditionnel. Lorsqu’un hacker tente de se connecter à un point d’accès par attaque en force brute, le système réagit de manière autonome et proactive.

« Le WAC de l’access point et le NAC vont remonter une alerte au contrôleur chez nous. Le contrôleur avec Master NCE va identifier qu’il y a un élément qui ne va pas, suite une attaque par force brute par exemple. Ce qu’il va faire c’est changé la configuration de l’antenne de manière dynamique et proactive. L’antenne va émettre un signal blanc pour brouiller le device qui essaye de se connecter alors qu’il ne devrait pas », détaille Christophe Batiard. Cette technologie ne se contente pas de bloquer l’attaque au niveau logiciel : elle crée un brouillage physique du signal radio pour empêcher toute connexion non autorisée. Si l’attaquant se déplace d’un point d’accès à un autre, le système le suit automatiquement et continue de brouiller ses tentatives de connexion. Cette approche représente une convergence entre la sécurité physique et la sécurité informatique traditionnelle. 

Sans attendre la standardisation du WiFi 8, Huawei a commencé à intégrer certaines fonctionnalités dans son WiFi 7 Advanced. (Crédit P.K.)

Détection de présence et de caméras cachées 

La deuxième innovation repose sur la technologie CSI (Channel State Information), qui transforme les points d’accès WiFi en véritables capteurs de détection avec Spatial Security. Les antennes émettent constamment des ondes radio qui fonctionnent comme un radar, permettant de détecter la présence de personnes dans une pièce en temps réel.  » Le travail est de détecter s’il y a quelqu’un dans une pièce. Maintenant on peut savoir si une personne est présente vraiment en temps réel », précise Christophe Batiard. Cette capacité ouvre des applications multiples : sécurité périmétrique avec remontée d’alarmes vers les systèmes de sécurité, optimisation du smart building pour la gestion de l’éclairage et du chauffage en fonction de la présence réelle, ou encore détection d’intrusions. Mais Huawei va encore plus loin avec une troisième fonctionnalité baptisée Privacy Security : la détection de caméras cachées. Certains points d’accès Huawei, notamment ceux conçus dans le centre de développement de Shanghai, intègrent désormais une base de données de plus de 120 signatures électromagnétiques de caméras. Les antennes peuvent détecter les émissions électromagnétiques émises par ces dispositifs de surveillance et alerter en cas de présence de caméra cachée dans un lieu où elle ne devrait pas se trouver, comme une chambre d’hôtel ou une cabine d’essayage, indique le vice-président Europe. Cette technologie de détection par émissions électromagnétiques est intégrée dans une partie de la gamme d’antennes WiFi et constitue, selon Christophe Batiard, une des grandes nouveautés présentées lors de ce Huawei Connect Europe. Pour l’instant, seule la détection de caméras est opérationnelle, mais le constructeur travaille sur l’extension de cette capacité à d’autres types d’appareils électroniques. 

Au-delà du WiFi, Huawei revendique une avance technologique significative dans le domaine du Software-Defined Networking (SDN). Selon une récente étude de Gartner sur le WiFi, les équipements campus et les switches pour data center, le constructeur chinois se positionne mieux que Cisco en termes de capacité à délivrer des systèmes SDN avancés. « Ils ont considéré que dans les capacités à délivrer, nos systèmes de SDN étaient plus avancés que Cisco », souligne Christophe Batiard. Cette avance s’explique notamment par l’intégration précoce de scénarios d’inférence basés sur l’intelligence artificielle dans les équipements réseau. Contrairement à Arista, qui reste positionné sur des approches plus traditionnelles, Huawei a développé des capacités d’automatisation et d’optimisation qui vont au-delà des solutions SDN classiques proposées par la concurrence.  

Optimisation dynamique du réseau 

L’un des atouts de Huawei réside dans l’utilisation intensive de l’intelligence artificielle pour adapter le réseau en temps réel aux besoins des utilisateurs et des applications. Le constructeur a développé plusieurs technologies qui permettent une gestion automatisée et intelligente de l’infrastructure réseau. La fonction VIP Lane permet, par exemple, d’identifier précisément chaque utilisateur et chaque terminal connecté au réseau. Lorsqu’un utilisateur s’authentifie sur le NAC (Network Access Control), le système est capable de déterminer son identité, le type de terminal utilisé (iPhone, Huawei, etc.), sa localisation sur le réseau, et même sa position géographique. En fonction de ces informations contextuelles et des droits de l’utilisateur, le réseau adapte automatiquement les accès et les priorités. « Quand un utilisateur s’authentifie sur le NAC, on est capable de savoir que c’est M. X, il utilise ce type de terminal (iPhone, Xiaomi ou encore Huawei), qu’il est situé sur telle borne du réseau. Tout est contextualisé en fonction du terminal de l’utilisateur, de ses droits et de ses privilèges pour déterminer s’il a le droit d’accéder à certaines zones de l’intranet en fonction de la politique d’entreprise », explique Christophe Batiard. Le système Device Identification va encore plus loin en intégrant une connaissance fine des capacités de chaque terminal. Le réseau dispose d’une base de données des performances moyennes de chaque modèle de smartphone ou de laptops sur les différentes bandes de fréquence. “Si le système détecte qu’un iPhone 16 performe mal sur la bande 2,4 GHz, il l’orientera automatiquement vers une autre bande plus adaptée”, indique le dirigeant. La technologie de beamforming dynamique donne aux antennes la possibilité de suivre automatiquement les utilisateurs dans leurs déplacements. Lorsqu’un utilisateur passe d’un couloir à un autre, la configuration des antennes s’adapte en temps réel pour maintenir la meilleure qualité de connexion possible. Cette capacité de suivi et d’adaptation automatique distingue Huawei de ses concurrents selon le dirigeant.

La fonction VIP Lane, quant à elle, permet de prioriser non seulement des utilisateurs, mais aussi des terminaux spécifiques ou des applications métier critiques. « On peut la prioriser de bout en bout, depuis l’access point jusqu’au cœur réseau. On peut faire de la QoS dans un campus. On peut même faire du roaming. Il est possible de dédier des bandes de fréquence à un applicatif, un terminal donné sur une application donnée », détaille le responsable. Cette priorisation s’étend au-delà du simple réseau campus. Dans une architecture complète incluant le WAN et le data center, Huawei peut garantir une priorisation de bout en bout pour des applications comme Netflix ou Teams. Pour les opérateurs télécoms, cette technologie permet de créer des réseaux dynamiques qui priorisent certaines applications payantes par rapport aux autres trafics. Un opérateur peut dire : moi je vais avoir un réseau dynamique qui pour cette application-là va être priorisé par rapport à tous les autres. Et s’il y a un problème dans le réseau, dynamiquement change le trajet de l’appli et je prends des SLA de bout en bout », illustre Christophe Batiard. 

Télémétrie en temps réel 

L’usage de l’intelligence artificielle chez Huawei ne se limite pas à la priorisation du trafic. Elle permet également une détection proactive des problèmes de couverture WiFi et une optimisation automatique de la configuration des antennes. Lorsqu’un événement modifie l’environnement radio (déplacement de cloisons, ajout d’équipements métalliques créant des interférences), le système détecte immédiatement la dégradation de la couverture. « Si on change les meubles, on crée des interférences, le réseau va donc être affecté. Une alarme est donc remontée à l’administrateur, qui gère le réseau et l’agent IA va lui demander : est-ce que tu veux que j’optimise, que je te dise où il faut remettre la borne ? Non, pas où remettre la borne, mais recalibrer les bornes entre elles depuis notre interférence », explique Christophe Batiard. L’administrateur réseau peut alors résoudre le problème en trois clics, le système recalibrant automatiquement les antennes pour éliminer les interférences. 

Toute cette approche repose sur une architecture réseau spécifique développée par Huawei. Le constructeur utilise des puces propriétaires qui renvoient les métadonnées du réseau directement au contrôleur SDN en temps réel. Cette télémétrie temps réel, que le chinois revendique depuis longtemps, donne une vision instantanée de l’état du réseau et la capacité de détecter immédiatement les anomalies. « Nos réseaux, ils sont en temps réel depuis longtemps. Cette approche permet non seulement de réagir aux incidents, mais aussi de faire de la maintenance prédictive en détectant les signes avant-coureurs de pannes matérielles. L’efficacité opérationnelle de cette approche est illustrée par les chiffres de Huawei : 16 personnes suffisent à gérer 160 000 équipements réseau internes répartis dans 70 pays, avec seulement cinq points de management centralisés, nous a précisé Christophe Batiard en conclusion.  

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