
Grâce à une suite d’outils, Mulesoft cherche à centraliser le contrôle des écosystèmes fragmentés d’agents IA. L’objectif est de sécuriser et rendre plus efficace le déploiement de l’IA sur toutes les plateformes.
Le spécialiste des logiciels d’intégration, Mulesoft (propriété de Salesforce) a présenté Agent Fabric, une suite comprenant plusieurs outils. « Registry, Visualizer et Governance promet de lutter contre la prolifération des agents IA en centralisant dans un endroit unique l’enregistrement, l’orchestration, la gouvernance et l’observation de chaque agent déployé, quelle que soit la plateforme sur laquelle il a été construit », explique Andrew Comstock, vice-président senior et directeur général de MuleSoft dans un communiqué.
Un avis partagé par Stephanie Walter, analyste chez HyperFrame Research qui estime que cette profusion résulte souvent de l’adoption de plusieurs produits d’agents par les entreprises et leurs équipes IT. Ces derniers veulent profiter des offres à bas prix des fournisseurs et éviter le lock-in. En conséquence, la diffusion des agents IA peut entraîner une fragmentation, une redondance ou un cloisonnement des agents et de leurs workflows entre les équipes et les plateformes. Or selon l’analyste, ce problème pourrait menacer l’efficacité opérationnelle et compliquer la gouvernance, rendant un déploiement responsable de l’IA plus difficile pour les entreprises.
Fonctionnement des outils d’Agent Fabric
Pour commencer à utiliser la suite, les entreprises devront regrouper tous leurs agents et outils, y compris les serveurs MCP et A2A (agent to agent), en un seul endroit à l’aide de l’outil Registry. « Le fait de regrouper toutes les ressources en un seul endroit permet aux autres agents et développeurs de les trouver plus facilement », a expliqué l’éditeur, ajoutant que ce regroupement devrait faciliter la recherche, la réutilisation et l’intégration de chaque ressource dans les flux de travail. Une fois regroupés tous leurs actifs liés aux agents, les entreprises peuvent utiliser Broker, un service de routage optimisé et alimenté par le moteur Atlas Reasoning Engine de Salesforce, pour connecter les agents entre les domaines, en associant de manière dynamique les tâches à l’agent le mieux adapté. « En arrière-plan, Broker connecte des agents disparates à l’aide de MCP et A2A, et les entreprises ont également la possibilité d’utiliser leur LLM préféré comme base pour le service », a précisé MuleSoft.
Une fois le flux de travail multi-agents déterminé, les entreprises peuvent utiliser respectivement les agents Governance et Visualizer pour la gouvernance et l’observabilité. Le premier peut servir à appliquer des garde-fous afin de garantir la sécurité, la conformité et le contrôle des politiques pour toutes les interactions des agents. « Quant à Visualizer, il peut être utilisé pour visualiser une carte dynamique de l’écosystème d’agents déployé, y compris pour voir comment ils sont connectés et leurs performances », a indiqué le fournisseur. La disponibilité générale des agnents Registry, Broker et Visualizer est prévue pour octobre. Governance est déjà disponible.
Renouveler le succès des API avec Agent Fabric
Les analystes estiment qu’avec Agent Fabric, MuleSoft cherche à tirer profit de son expérience dans l’intégration des API, au moment où les entreprises continuent d’adopter des agents d’IA pour l’automatisation. « Tout comme les API nécessitaient des passerelles et une gestion, les agents ont désormais besoin de coordination, de gouvernance et d’observabilité », a fait remarquer Robert Kramer, analyste principal chez Moor Insights and Strategy. Selon lui, avec sa plateforme Anypoint, MuleSoft s’était employé à résoudre les défis liés à l’intégration des API. Dorénavant, avec Agent Fabric, l’entreprise essaye de s’affranchir des solutions fragmentaires de gouvernance et d’observabilité des agents proposées par d’autres fournisseurs, en livrant une couche de contrôle unifiée pour plusieurs agents.
Cependant, les analystes ont également souligné que d’autres fournisseurs, tels que Boomi, Microsoft, Google et AWS, s’efforcent également de proposer des fonctionnalités pour lutter contre la prolifération des agents. « La plupart des fournisseurs reconnaissent que le principal défi de l’adoption de l’IA à grande échelle ne consiste pas seulement à créer des agents individuels, mais aussi à gérer la complexité d’un réseau tentaculaire d’agents qui doivent fonctionner ensemble de manière sécurisée et fiable. Tous développent des plateformes de type « fabric » ou « foundry » pour fournir cette couche essentielle d’orchestration et de gouvernance », a souligné Mme Walter. De son côté, Robert Kramer a fait remarquer que chaque fournisseur exploitait ses points forts : Microsoft propose Fabric et MCP pour l’orchestration des agents, Google intègre des agents dans Vertex AI et BigQuery, IBM étend l’orchestration avec watsonx, et Databricks et Snowflake développent des fonctionnalités d’agent autour de leurs écosystèmes de données.
