BNP Paribas associe étroitement API et IA

Le déploiement de l’IA chez BNP Paribas peut s’appuyer sur le programme d’API de la banque, fort déjà de 1500 interfaces. Des développements que le groupe bancaire s’efforce de rationaliser via un centre d’excellence dédié.

Sans données facilement accessibles, pas de déploiement de l’IA. C’est ce constat qui consacre le « mariage de raison » entre les API et l’intelligence artificielle, selon l’expression de Julien Bichon, le directeur du programme API de BNP Paribas. Lors d’une session sur le Google Cloud Summit, qui s’est tenu le 22 mai à Paris, le responsable est revenu sur la genèse de ce programme, qui couvre aujourd’hui 1500 API. Un virage né de « l’étincelle » provoquée par la réglementation, en l’occurrence la DSP2 (directive européenne sur les services de paiement, encourageant l’Open Banking), qui a poussé les banques à amorcer l’ouverture de leurs systèmes d’information sur l’extérieur.

Passé cette première étape, l’exposition des données et processus par API a intégré le plan stratégique de BNP Paribas pour la période 2020-2026. Un saut quantique qui amène aux chiffres actuels, soit 1500 API et 1400 milliards d’appels mensuels sur celles-ci. Des chiffres que Julien Bichon ne considère pas comme suffisants en soi. « Ce qui m’intéresse davantage, c’est de voir ces API évoluer comme un produit », dit-il.

Enrichir l’offre de services

Le directeur du programme, arrivé au sein de BNP Paribas début 2023 en provenance de BPCE, doit en effet tenter d’aligner le fonctionnement des différentes entités qui composent le groupe bancaire. Le centre d’excellence qu’il anime – fort d’environ 45 personnes – vise avant tout à mettre à disposition de ces entités des moyens leur permettant de concevoir et déployer leurs propres interfaces. « Ma première mission a consisté à homogénéiser la gestion des API sur Apigee (la solution de Google, NDLR). Celle-ci est presque achevée, 95% des entités du groupe ayant aujourd’hui au moins une API sur cette solution », souligne Julien Bichon. Le centre d’excellence global assure également un rôle d’accompagnement des filiales sur le développement des API, d’acculturation via des communautés IT et métiers et de constitution d’une offre de services entourant l’API management, par exemple sur la conception ou les tests. « Nous sommes en train d’étoffer ce volet, afin de mettre à disposition des centres d’expertise des différentes entités des offres de services sur étagère », indique Julien Bichon.

Pour le directeur du programme, la première pierre en la matière réside dans la capacité à être sûr à 100% des API qu’expose la banque au niveau global. « Si l’API ne figure pas dans notre référentiel, cela déclenchera une alerte. Par ailleurs, chaque API se verra attribuer une note entre 0 et 10 matérialisant le niveau de menace, sachant que la note la plus basse entraînera son décommissionnement immédiat », précise le responsable. En termes de sécurisation des API, Julien Bichon insiste sur la nécessité de disposer d’une solution qui, à la fois, découvre les API exposées et détecte de potentielles menaces. Le tout reposant sur un référentiel d’API dûment autorisées. « Dans un premier temps, il s’agit de répertorier les API et de leur associer un certain nombre de caractéristiques, dit Julien Bichon. Mais l’objectif est d’aller vers un référentiel vérifiant la conformité des API à l’ensemble des normes et standards du groupe. »

Les agents d’IA consommateurs d’API

Dans l’exposé de Julien Bichon, la structuration de l’offre de services groupe apparaît aussi comme un prérequis pour un déploiement de l’IA à l’échelle du groupe. « Nous avons régulièrement des échanges avec Su Yang (responsable IA pour les transactions et responsable de l’innovation en IA de BNP Paribas depuis avril 2024, NDLR), glisse Julien Bichon, par ailleurs co-fondateur de l’événement français sur les API, France API. L’IA bénéficie aux API, mais les API sont aussi un socle technologique pour l’IA, facilitant sa consommation. » Et le responsable de prédire que demain les agents à base d’IA seront les plus gros consommateurs des API. « Nous aurons alors besoin d’observabilité pour séparer les bad bots des good bots », ajoute-t-il.

Une perspective qui devrait se traduire par une augmentation des volumes d’appels aux API. D’ores et déjà, certaines de ces interfaces sont devenues des systèmes critiques dans le fonctionnement de la banque. Par exemple au sein de la branche Personal Finance, qui a développé une API permettant aux commerciaux de plusieurs constructeurs automobiles de proposer à leurs clients des offres de prêt directement intégrées au parcours d’achat. « Chaque année, on assiste à un doublement des volumes, en nombre d’API et en nombre d’appels vers celles-ci. Et il faut que cette machinerie tourne », résume Julien Bichon.

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