Les deux sociétés vont unir leurs efforts de R&D pour construire un réseau capable de relier plusieurs systèmes quantiques. Les premières offres sont attendues d’ici 2030.
Que ce soit en sécurité ou en réseau, le quantique nécessite un travail d’anticipation. Dans ce cadre, Cisco et IBM ont annoncé un partenariat de recherche et de développement pour construire un réseau de systèmes quantiques à grande échelle et tolérants aux pannes, capable fonctionner ensemble. Les chercheurs des deux sociétés vont travailler sur le développement de matériels et de logiciels capables de relier entre eux les systèmes pour former un réseau distribué. En février dernier, Guillaume Sauvage de Saint Marc, vice-président Engineering d’Outshift avait évoqué le travail de l’incubateur de l’équipementier sur le quantique. « Nous nous intéressons tout d’abord à la manière dont nous pouvons connecter deux ordinateurs, des chips ou des serveurs quantiques entre eux », soulignait le responsable.
Les défis sont nombreux comme la gestion de l’intrication de qubits provenant de plusieurs ordinateurs quantiques distincts situés dans des environnements cryogéniques différents. Il est donc indispensable « d’inventer d’autres connexions, notamment des transducteurs (capable de transformer le signal) micro-onde/optique et une pile logicielle » expliquent les deux sociétés. Chacune d’entre elles va apporter son expertise. IBM travaille sur le développement d’une interface réseau pour ses systèmes, appelée QNU (quantum networking unit) qui servira de prototypage pour les liaisons basées sur les micro-ondes. Au début du mois, Big blue a collaboré avec le Superconducting Quantum Materials and Systems Center (SQMS) du Fermi National Accelerator Laboratory, situé dans l’Illinois, afin de relier deux ordinateurs quantiques IBM dans des infrastructures cryogéniques distinctes. Le réseau s’appuie sur l’interface QNU.
Des premiers PoC d’ici 2030
De son côté, Cisco apporte sa puce Quantum Networking Entaglement dévoilée en mai dernier. Ce prototype est capable de générer des paires de photons intriqués qui transmettent instantanément l’état quantique entre eux, quelle que soit la distance qui les sépare, grâce à ce que l’on appelle la téléportation quantique. Il gère plusieurs fonctionnalités comme la signalisation des décisions, la synchronisation des horloges, la sécurité contre les écoutes et la vérification sécurisée de la position. En combinant leurs expertises, les deux sociétés vont développer des transducteurs optiques-photoniques et micro-ondes-optiques afin de transférer les informations quantiques selon les besoins. Pour cela, Cisco met au point « un framework de protocole logiciel capable de reconfigurer de manière continue et dynamique afin que les intrications puissent être distribués aux QNU une fois leurs calculs partiels terminés », souligne un communiqué. L’objectif est de créer un réseau quantique sur des longues distance et jeter les bases d’un futur Internet quantique.

Le réseau quantique d’IBM et de Cisco combine des transducteurs optiques-micro-ondes et photoniques-optiques. (Crédit IBM)
Les deux partenaires savent que le chemin à parcourir est long. Les premiers PoC doivent aboutir d’ici 2030. D’ici là, les systèmes quantiques auront évolué comme le montre les récentes annonces d’IBM sur ces puces Nighthawk et Loon avec dans le viseur la création d’un système nommé Starling tolérant aux erreurs d’ici 2029.