
Pour les entreprises qui souhaitent abandonner les PC Windows équipés d’Intel ou AMD, les ordinateurs basés sur Arm pourraient être une bonne option. Voici les éléments à prendre en compte pour choisir la direction à suivre.
Le marché des PC Windows semble actuellement en pleine mutation. Avec la fin du support de Windows 10 prévue ce mois-ci, les entreprises tentent de décider si elles doivent finalement passer à Windows 11, migrer vers une autre plateforme ou peut-être rester sous Windows, mais abandonner Intel ou AMD au profit des processeurs Arm.
Que doit faire un acheteur informatique ?
Lorsque Microsoft a annoncé pour la première fois les PC Copilot+ l’année dernière, il s’est principalement concentré sur le matériel basé sur les processeurs Snapdragon X Elite de Qualcomm et son unité de traitement neuronal (NPU). On notera que cette décision a été en partie considérée comme une réponse au passage d’Apple à ses propres puces Arm de la série M dans les Mac. Ainsi, la firme de Redmond espère depuis longtemps voir Windows 11 sur Arm remporter un franc succès, en particulier après l’échec de Windows RT et Windows 8, et a rallié plusieurs fournisseurs de PC à sa cause. Remarquons qu’il disposait également d’un émulateur fonctionnel pour le code x86 afin de prendre en charge les applications héritées. Apple avait déjà démontré qu’une telle transition était possible, voire bénéfique, pour les utilisateurs finaux.
Pour les décideurs et les acheteurs informatiques qui observent le paysage actuel, la question est la suivante : les ordinateurs portables et même les ordinateurs de bureau fonctionnant sous Arm sont-ils vraiment des options viables, qu’ils fonctionnent sous Windows, MacOS, ChromeOS, Linux ou même sous des systèmes d’exploitation inconnus comme la version Android pour ordinateurs portables dont on parle tant ? Votre entreprise est-elle prête pour une nouvelle ère inédite sur le marché des PC ? Voici un aperçu des éléments à prendre en compte pour répondre à cette question.
De quoi les employés ont-ils besoin
La première interrogation est de savoir quels logiciels vos utilisateurs doivent exécuter. Un rapide inventaire du contenu du PC typique d’un nouvel employé vous donnera la réponse. S’il s’agit d’applications standard telles que Microsoft 365, un navigateur web et des liens vers des outils basés sur le cloud, alors il y a de fortes chances qu’un PC basé sur Arm puisse fonctionner, à condition qu’il n’y ait pas d’applications spécifiques à l’entreprise ou au secteur d’activité dont il faille se soucier. Il est également important de déterminer dans quelle mesure ces applications et services fonctionneront correctement. Cela vaut particulièrement pour tout ce qui repose sur l’émulation, qu’il s’agisse d’une application, de pilotes, de bibliothèques ou d’autres dépendances. Vous devrez tester tous les logiciels couramment utilisés. Nous tenons à préciser que cela n’a rien à voir avec Rosetta Stone 2 d’Apple, qui traduisait les anciens codes en temps réel plutôt que d’utiliser des appels de processeur et des jeux d’instructions d’émulation. Si un élément fonctionne en émulation, vérifiez si ses fonctionnalités et ses performances justifient le changement. Vous pourriez finir par conclure que le matériel basé sur Arm est intéressant, mais qu’il ne répond pas aux besoins de votre entreprise pour le moment.
Envisager autre chose que Windows
Bien que nous nous concentrons ici sur Windows, vous pouvez considérer cet exercice comme une occasion d’envisager le passage à une nouvelle plateforme telle que Mac, Linux ou Chrome. Les mêmes types de tests et de vérifications de compatibilité s’appliquent, et plus vous êtes orienté vers le cloud, plus vous avez de chances de réussir votre migration. Plus votre entreprise utilise de logiciels hérités, plus le passage à une nouvelle plateforme sera difficile. Les Mac sont une option évidente, mais ce ne sont pas les seuls. Si vous êtes vraiment orienté cloud et web, les Chromebooks et le matériel basé sur Linux pourraient constituer de véritables alternatives. Même Android pourrait être envisagé du point de vue des terminaux mobiles ou des PC portables/de bureau.
Besoins en logiciels spécialisés
Comme le savent tous les professionnels de l’informatique, les logiciels de base utilisés par les employés ne sont souvent que la partie émergée de l’iceberg en matière d’assistance. Qu’il s’agisse de production vidéo, de conception web/impression, d’outils scientifiques ou médicaux, ou des besoins des développeurs, il y a toujours des solutions supplémentaires que vous devez activer, acheter et gérer. D’une manière générale, les ordinateurs portables basés sur Arm peuvent convenir à de nombreuses organisations, même si certains utilisateurs ont besoin d’un matériel différent pour des rôles spécialisés. Tout groupe qui dépend d’outils spéciaux fonctionnant localement mérite une attention particulière et une implication dans les décisions d’achat et les tests.
Sécurité et gestion
Les processeurs Snapdragon présentent des problèmes de sécurité différents de ceux des puces x86, des puces Apple Silicon ou des CPU des terminaux Android ou Chromebooks. Vous aurez besoin d’un logiciel de sécurité qui tienne compte de ces différences. Selon votre fournisseur, cela peut ne poser aucun problème, ou bien rendre impossible l’adoption d’appareils basés sur Arm fonctionnant sous Windows. Vous devrez comprendre ce que vos fournisseurs proposent actuellement et ce qui figure dans leur feuille de route, et vous aurez besoin de détails. Ce n’est pas parce qu’un fournisseur prend en charge Arm pour Apple ou les terminaux mobiles que Windows est également pris en charge. Ce n’est pas non plus un domaine dans lequel vous pouvez vous fier à l’émulation ; vous aurez besoin d’outils de sécurité conçus pour l’environnement que vous envisagez. Si ces outils ne sont pas disponibles ou si leur développement futur est incertain, choisissez des alternatives ou restez proche de ce que vous utilisez actuellement.
La gestion des terminaux est un autre facteur à prendre en compte. En théorie, la plupart des outils de gestion des PC devraient fournir au moins les fonctionnalités de base en matière de configuration, de restrictions et de rapports. Mais vous voudrez probablement plus que des outils de base et vous voudrez savoir si votre MDM est conçu pour prendre en charge et gérer Windows sur Arm. Encore une fois, ne considérez pas le passage à Arm comme un simple ajout de périphériques Windows. Considérez-le comme une toute nouvelle plateforme à gérer, sécuriser et prendre en charge. À bien des égards, c’est vraiment ce dont il s’agit.
Equiper comme il faut le personnel d’assistance
Assurez-vous de pouvoir équiper votre service d’assistance informatique et les autres membres du personnel d’assistance technique avec toutes les nouvelles machines. Bien qu’elles puissent ressembler à d’autres PC Windows, elles sont fondamentalement différentes. Le processeur, la RAM et le GPU seront traités comme une seule unité. Ils fonctionneront avec une version différente de Windows. Ainsi, en ce qui concerne les logiciels et fichiers préexistants, votre service d’assistance technique devra bien comprendre ce qui a changé et comment assurer le bon fonctionnement du système. Il devra également expliquer aux utilisateurs que Windows et les applications auxquelles ils sont habitués pourraient se comporter différemment à l’avenir.
Franchir le pas ou attendre ?
Nous ne pouvons pas vous dire catégoriquement que le moment est venu de déployer Windows sur du matériel Arm ou de passer à une nouvelle plateforme, car cela varie considérablement d’une organisation à l’autre. Mais compte tenu des options désormais disponibles du côté Windows, et des alternatives non Windows, le moment est définitivement venu d’envisager votre feuille de route sans vous laisser enfermer dans le passé. Aussi intéressants que soient les ordinateurs portables (et de bureau) basés sur Arm, ils ne conviennent peut-être pas à toutes les entreprises pour le moment. Les acheteurs pourraient décider de reporter leurs achats pour l’instant et de réexaminer la situation plus tard, lorsque les fournisseurs auront eu plus de temps pour développer leur prise en charge.
N’oubliez pas non plus que Windows sur Arm n’est pas comparable à Apple Silicon. Si l’essor du matériel Arm peut sembler similaire à la transition opérée par Apple il y a cinq ans vers Apple Silicon, les deux ne sont pas identiques. Microsoft n’exerce pas un contrôle exclusif sur le matériel (en dehors de sa gamme Surface), contrairement à Apple. Ni Microsoft, ni Qualcomm (ni aucun autre acteur) ne contrôle le niveau d’intégration des composants en dehors du processeur et du NPU. Par conséquent, le passage du matériel Intel à Arm ne se fera pas de manière aussi fluide et uniforme que celui d’Apple vers ses propres puces. Et cela seul pourrait persuader les équipes informatiques de s’en tenir à ce qu’elles connaissent, du moins pour l’instant. Il n’y a pas lieu de se précipiter dans ce qui est, soyons honnêtes, un processus complexe. Mais au moins, les administrateurs disposent désormais de quelques indications sur les éléments à prendre en compte.