Google tente de sauver Chrome dans un procès antitrust

Dans le viseur du département de la Justice américaine de monopole sur le marché des moteurs de recherche, Google a fait valoir ses arguments à l’ouverture de son procès. Le fournisseur risque d’avoir à se séparer de son activité Chrome et d’ouvrir ses données de recherche à ses concurrents.

Annoncé en novembre dernier, le procès sur les pratiques anti-concurrentielles de Google visant à réduire la domination de Google dans le domaine de la recherche en ligne s’est officiellement ouvert ce lundi. Cette action en justice intervient quelques jours après que la firme de Mountain View a été déclarée coupable de monopole pour une partie de ses activités publicitaires en ligne dans une procédure initiée par l’agence fédérale américaine du commerce (FTC). Le procès qui s’ouvre fait suite à plusieurs années d’enquêtes, d’auditions et de témoignages ayant amené le juge Amit P. Mehta à conclure que Google détenait bien un monopole illégal dans le domaine de la recherche.

Quelques heures avant l’ouverture de son procès, Google a publiquement avancé plusieurs arguments pour se défendre : « Nous avons dit depuis longtemps que nous n’étions pas d’accord avec la décision de la Cour dans cette affaire et que nous ferions appel. Mais la Cour doit d’abord décider quels sont les recours qui répondent le mieux à sa décision en matière de responsabilité. Lors du procès, nous montrerons que les propositions sans précédent du ministère de la justice vont bien au-delà de la décision de la Cour et qu’elles porteraient préjudice aux consommateurs, à l’économie et à l’avance technologique des États-Unis », a expliqué dans un billet de blog Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires juridiques de Google.

Une décision finale attendue en août ou septembre 2025

Pour sa défense, Google avance ainsi que la décision ministère de la justice obligerait les navigateurs et les téléphones à utiliser par défaut des services de recherche tels que Bing de Microsoft. Une position qui rendrait l’accès à Google plus difficile et entraînerait une hausse des prix des smartphones pour compenser la suppression pour les fabricants des revenus tirés de l’activité de recherche. Mais aussi de le contraindre à partager les requêtes de recherche les plus sensibles et privées des utilisateurs avec des entreprises tierces sans autorisation et mesures de protection avancées et d’entraver la manière dont le groupe développe son IA évoquant un risque de freiner l’innovation américaine à un moment crucial.

Dans ce procès, Google risque d’y laisser des plumes car le ministère de la justice exige également que le groupe laisse ses concurrents utiliser ses données pour alimenter leurs propres moteurs de recherche et qu’il informe le gouvernement lorsqu’il investit dans des start-ups spécialisées dans l’intelligence artificielle. Il pourrait aussi avoir à céder son navigateur web Chrome, qui détient environ deux tiers du marché mondial des navigateurs, constituant également un autre grand manque à gagner pour la firme de Mountain View. « C’est historique », a déclaré le procureur général du Colorado, Phil Weiser, qui dirige le groupe d’États ayant poursuivi Google aux côtés du ministère de la justice. Le procès qui s’ouvre doit se tenir jusqu’à la fin du mois de mai, au tribunal fédéral du district de Columbia. La décision finale du juge Amit P. Mehta est attendue en août ou septembre prochain.

Google craint aussi de céder son activité Android

Outre la cession de Chrome, Google craint également de se voir obliger de se séparer également d’Android : « La proposition du ministère de la justice de scinder Chrome et Android – que nous avons construits à grands frais pendant de nombreuses années et que nous mettons à disposition gratuitement – briserait ces plateformes, nuirait aux entreprises qui s’appuient sur elles et compromettrait la sécurité », assure la firme. « Séparer Chrome et Android de notre infrastructure technique, opérationnelle et de sécurité ne ferait pas qu’introduire des risques de cybersécurité et même de sécurité nationale, mais augmenterait également le coût de vos appareils. »

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