
La filiale française d’IBM annonce un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui toucherait jusqu’à 114 personnes. Les activités maintenance matérielle et logicielle ainsi que support et recherche sont concernées. La première réunion avec les syndicats doit avoir lieu le 5 janvier prochain.
Coup de massue pour les équipes France d’IBM. Ce 14 décembre, l’ordre du jour du CSE Central était le suivant : « Information en vue de consultation sur le projet de réorganisation des activités d’IBM France SAS ainsi que sur les conséquences sociales et environnementales du projet (Livre II) ». La filiale locale de Big blue planche donc sur un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), entraînant la disparition de 5 % de ses effectifs, ce qui pourrait représenter jusqu’à 140 postes si l’on s’appuie sur les chiffres de la CFDT, et 114 personnes selon un porte-parole d’IBM France. Ce dernier ajoute que les autres pays ne sont pas concernés. « IBM liquide, entre autres, ses dernières activités industrielles de l’usine de Montpellier. L’entreprise procède également à des réductions d’effectifs dans les activités de maintenance matérielle et logicielle, les fonctions de support et les laboratoires de recherche » précise un syndicat d’IBM.
Sur son blog, la CFDT de Big blue a vivement réagi à l’annonce, gardant en mémoire les PSE de 2020-2021 qui avaient secoué l’entreprise. « IBM recourt à nouveau à un plan social pour réaliser ses alignements stratégiques et rester dans la course face aux nouveaux défis de l’informatique à l’ère du cloud et de l’intelligence artificielle. Il s’agit donc d’une réduction de l’effectif pour, d’une part, relocaliser aux USA les dernières activités industrielles et d’autre part, augmenter les profits en poursuivant la politique de déplacement d’emploi vers des pays à bas coût, en particulier d’Europe de l’Est et en Inde », précise la CFDT.
Les PSE de 2020-2021 restent dans les mémoires
Pour rappel, fin 2020, IBM a lancé un projet massif de réduction de sa masse salariale avec, au niveau mondial, jusqu’à 40 000 postes touchés dont 10 000 en Europe. La France avait été frappée de plein fouet avec 1 200 à 1 400 postes menacés sur l’ensemble de l’effectif (5 200 personnes). Un mois plus tard, en novembre, elle annonçait un spin-off de son entité Managed Infrastructure Services jusqu’alors rattachée à sa division Global Technology Services, afin de recentrer sa stratégie sur le cloud hybride. L’objectif : redresser la barre et surtout son chiffre d’affaires, alors en baisse depuis plusieurs trimestres. Au final, cette restructuration a conduit au départ de 1 251 salariés représentant 25 % des effectifs en France.
Peu de temps après cet épisode – courant 2021 -, IBM a refait parler de lui en se séparant de Global Technology Services et en donnant naissance à Kyndryl, qui fait exactement ce que faisait l’unité de services d’infrastructure managées. Ce nouveau nom de l’activité est par la suite devenu une société distincte d’IBM. La séparation des deux entreprises devait permettre d’innover et de travailler avec de nouveaux partenaires. A ce sujet, la CFDT exprime un profond ressenti et indique qu’IBM France « continue la politique de « décroissance profitable », qui risque de ne pas être soutenable sur la durée ». Le syndicat pointe du doigt plusieurs faits contradictoires. IBM France est bénéficiaire de 60 M€ en 2021, dispose d’une réserve de trésorerie suffisante et bénéficie du crédit d’impôt recherche (CIR). Sont également citées les mesures de fin de carrière prises par l’Américain pour gérer sa pyramide des âges (âge moyen proche de 50 ans à IBM France SAS). « Un cercle vicieux s’est installé où, d’un côté, IBM met la pression et, de l’autre, nombre de salariés attendent un plan de départ ».
IBM s’efface du paysage français
A ce jour, IBM compte environ 48 000 salariés en Europe dont 4 500 en France (incluant IBM France SAS et différentes filiales). Dans le cas présent, seul IBM France SAS, qui emploie 2 800 salariés, est concerné par le nouveau plan de sauvegarde de l’emploi. Au niveau local, le site de Montpellier pourrait être fortement impacté. Depuis la fermeture de son usine de Montpellier, IBM n’a plus qu’une activité services là-bas et, selon les dires de la CFDT, une trentaine d’emplois y sont menacés. Big blue possède d’autres sociétés en France : un pôle développeurs IBM Service Center à Lille avec environ 600 personnes, un pôle consultants IBM Interactive d’environ 1 000 personnes et IFF (financement – crédit-bail) qui regroupe une quarantaine de personnes.
Le syndicat indépendant UNSA IBM indique que « des négociations vont commencer dès le début de l’année 2023 dans le but de signer un accord d’entreprise qui améliorerait les conditions de départ proposées, celles-ci n’étant, pour le moment, pas au niveau des PSE de 2020 et 2021 ». La première réunion de négociation aura lieu le jeudi 5 janvier 2023. Contacté lors de la rédaction de cet article, IBM n’a pour l’instant pas répondu à notre demande de commentaire.