
Poursuivant sa réorganisation, IBM devrait supprimer plus de la moitié des effectifs de son département cloud aux États-Unis, selon l’agence Bloomberg. Les potentiels impacts sur les autres pays dont la France n’ont pas été dévoilés.
Dans la continuité d’un plan de réorganisation annoncé en septembre 2024, IBM aurait engagé une autre vague de suppressions de postes. Selon Bloomberg le fournisseur a commencé cette semaine à aviser plusieurs milliers d’employés américains de leur licenciement. Dans ce but, des notifications ont informé ces derniers qu’ils disposaient de 30 jours pour trouver un autre poste au sein de l’entreprise. Faute de quoi ils seraient licenciés et percevraient une indemnité de départ équivalente à plusieurs mois de salaire. Or, il semble que ce cas de figure s’applique à la plupart des personnes concernées. Dans une déclaration à Bloomberg, un porte-parole d’IBM a indiqué : « Au quatrième trimestre, nous mettons en œuvre une mesure qui touchera un faible pourcentage (à un chiffre) de nos effectifs mondiaux. »
Le site The Register a alors fait le calcul suivant : ainsi, pour 1 % ou 2 % des effectifs mondiaux de l’entreprise, les suppressions de postes concerneraient entre 2 700 et 5 400 collaborateurs. Citant des sources internes et des anciens collaborateurs d’IBM aux Etats-Unis, le média britannique rapporte que 45% des suppressions de postes auront lieu dans la division infrastructure du fournisseur dirigée par Ric Lewis. Une autre source a précisé au journal que plus de 50 % des coupes seraient liées à des réductions dans le cloud, suite à un rééquilibrage des entreprises vers des environnements sur site.
Une stratégie mondiale
Deux anciens salariés de Big Blue qui conservent des contacts au sein de l’entreprise, ont émis l’hypothèse que ces suppressions de postes seraient probablement dues aux résultats mitigés du secteur du cloud et à la promesse de rentabilité faite par Ric Lewis pour l’activité infrastructure cette année. Un autre membre actuel d’IBM a évoqué la pratique de la firme consistant à délocaliser des emplois des États-Unis et d’Europe vers l’Inde. En France, la direction nous a confirmé ces informations en précisant qu’il n’y avait pas d’impact à mentionner dans l’hexagone, l’entreprise ayant une vue monde.
« La stratégie d’IBM en matière de personnel consiste à disposer des personnes compétentes et dotées des aptitudes requises pour répondre aux besoins de nos clients. Nous évaluons régulièrement nos collaborateurs dans cette optique et procédons parfois à des rééquilibrages en conséquence. Au quatrième trimestre, nous mettons en œuvre une mesure qui aura une incidence sur un faible pourcentage à un chiffre de notre personnel mondial. », nous a indiqué le service communication de la filiale française.
Entre 2 700 à 5 400 suppressions
Des témoignages anonymes concernant ces licenciements ont commencé à apparaître sur des forums et sur des sites spécialisés comme The Layoff et Reddit. L’entreprise comptait environ 270 300 employés dans le monde fin 2024, mais ne publie pas les effectifs de ses différentes divisions. Quoiqu’il en soit, d’après les informations fournies au Département du Travail américain (formulaire 5500 de l’IRS), elle employait 49 030 personnes fin 2024, contre 52 674 fin 2023. La firme a également déclaré 50 667 participants à son régime d’avantages sociaux en 2024. Ces chiffres donnent une estimation de sa main-d’œuvre aux États-Unis. En 2002, le fournisseur comptait le double en matière d’effectifs, soit 160 000 employés outre-Atlantique.
La petite faiblesse des résultats de Red Hat
Les raisons des suppressions de postes sont peut-être à trouver dans les récents résultats financiers d’IBM. En effet, la société a affiché un bénéfice de 1,7 milliard de dollars pour un chiffre d’affaires de 16,3 milliards de dollars au troisième trimestre 2025, soit une hausse de 9 %. Mais dans le détail, les analystes ont été déçus de la performance des ventes de logiciels en particulier ceux de Red Hat qui ont enregistré une hausse de 14% par rapport au trimestre précédent contre 16% attendue.
Sanchit Vir Gogia, analyste en chef et PDG de Greyhound Research, a déclaré à nos confrères de Computerworld que ce ralentissement reflète des difficultés d’exécution internes. « Ce changement met en lumière des tensions au sein d’une unité commerciale qui était censée être plus dynamique », a-t-il affirmé. « Si les entreprises clientes continuent de considérer IBM comme un partenaire fiable dans des environnements complexes, la manière dont le cloud hybride est acheté et évalué a évolué. Les organisations n’acquièrent plus des plateformes de façon isolée, mais la capacité d’agir rapidement. » En l’espèce, l’analyste constate que « chez de nombreux clients, ce n’est pas la technologie qui pose problème. C’est la manière dont les équipes internes d’IBM se répartissent le travail qui ralentit les processus ». et d’ajouter, « cela est particulièrement visible lors des déploiements transversaux, comme OpenShift associé à des modèles d’IA ou à l’orchestration de données hybrides.»
