
Sous l’impulsion de la région Grand Est, plusieurs opérateurs d’infrastructures, hébergeurs et ESN locaux dont Hexanet et Ikoula s’engagent dans une initiative commune. Objectif : proposer une offre souveraine et sécurisée d’hébergement de données par la blockchain.
Le cloud souverain – dont il n’a que le nom – est dans toutes les têtes. Y compris dans le Grand Est avec une initiative qui tente de se positionner en tant qu’alternative aux Gafam. « À l’heure où nos données personnelles, professionnelles, institutionnelles, sont massivement stockées sur des serveurs hébergés à l’étranger, souvent hors du cadre juridique européen, les risques sont multiples : accès non autorisé ou surveillance via des législations extra-territoriales, pertes de contrôle sur des données sensibles ou critiques, dépendance technologique à des géants du numérique parfois peu soucieux de souveraineté ou de durabilité », indique la région Grand Est.
Sous l’impulsion de la collectivité, 9 hébergeurs, opérateurs d’infrastructures et ESN se sont ainsi associés dans un consortium – via un accord-cadre – pour proposer une alternative aux géants américains, à savoir Adista, Alekso, Advanced, Mediamatrix, Data-Sup, Hexanet, Ikoula, Nlighten, et SDV. « Nous voulons faire émerger une offre qui soit à la fois locale, régionale et donc souveraine mais aussi sécuritaire pour être une alternative aux très grands acteurs internationaux », nous a expliqué Nicolas Carboni, directeur général de Grand Est Développement Solutions, chargé de catalyser, soutenir et accompagner les projets numériques stratégiques souhaités par la région.
SecNumCloud 3.2 trop complexe et coûteux
Alors que sur le papier certains acteurs peuvent apparaitre concurrents, ces fournisseurs locaux ont souhaité jouer la carte de l’entente cordiale et préférer unir leurs forces pour proposer une offre d’hébergement de données sécurisées au travers de la blockchain. « Cela permet de répartir les risques si l’un des datacenters qui héberge une partie des données devait tomber ou brûler », poursuit Nicolas Carboni. Une remarque non dénuée de bon sens après l’incendie OVH. Ce projet pilote est co-développé avec la société Mantle, à l’origine d’une technologie de « fragmentation des données basées sur la cryptographie distribuée ». La blockchain c’est bien, mais pourquoi ne pas avoir opter pour des offres labellisées SecNumCloud 3.2 ? « Cela aurait pris trop de temps et tous les opérateurs n’avaient pas lancé de dossier », glisse Nicolas Carboni. « Le plus simple était finalement de faire une blockchain, c’est aussi moins cher et vous divisez par deux le volume de stockage dont vous avez besoin. »
Ambitieux sur le papier ce consortium n’en reste pas moins pour l’instant encore balbutiant : une phase de 9 mois est en effet prévue pour offrir à chacun des partenaires la capacité de tester et de prototyper leurs offres et technologies pour répondre à l’objectif de cloud souverain sécurisé souhaité par la région Grand Est. « Ces acteurs privés sont engagés dans une expérimentation parce qu’ils considèrent qu’il existe une rationalité stratégique, économique et qu’il y a un marché à prendre pour renforcer leur position concurrentielle », poursuit Nicolas Carboni. « Nous entrons dans une phase d’expérimentation et après ils confirmeront la proposition de valeur et déciderons de s’engager. Chaque partenaire portera son offre commerciale. »