Le français Tehtris supprimerait 30% de ses effectifs

Sous la pression de ses actionnaires, le spécialiste de solutions XDR basé à Pessac serait prêt à engager un plan de sauvegarde de l’emploi. Selon les Echos, une cinquantaine d’emplois seraient menacés malgré deux levées records réalisées depuis 2020 par l’entreprise.

La cybersécurité française est à la peine avec la préparation d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) chez Tehtris. L’entreprise basée à Pessac (Gironde) s’apprête à supprimer 49 emplois sur 165 postes restants, soit 30% de ses effectifs, selon des informations recueillies par Les Echos. Employant 270 personnes il y a deux ans, le groupe aurait été marqué par une instabilité dans son management avec des départs successifs au sein de ses équipes techniques. Malgré deux levées record en 2020  et en 2022, les investisseurs seraient à l’origine de la restructuration de l’entreprise. Selon une source des Echos, la mise en place du PSE serait même la condition sine qua non imposée par ces derniers pour recapitaliser la société. 

Le spécialiste du XDR (extended detection and response) pourrait également avoir pâti d’un business model aligné avec les priorités souverainistes de l’État. Son carnet de commandes étant probablement soumis aux restrictions budgétaires annoncées par le gouvernement. Sans compter la vive concurrence sur son cœur de métier aussi bien à l’international que sur le marché français. De plus, en 2024 Tehtris avait modifié sa stratégie commerciale en ciblant les PME après avoir adressé les grands groupes du CAC 40, puis en s’internationalisant en Asie du Sud-Est pour ouvrir de nouveaux marchés. Contactée, la direction de Tehtris n’a pas répondu sur les motivations de ce PSE à l’heure où nous publions ces informations.  

64 M€ de financements réunis en deux ans

Fondé en 2010 par deux anciens de la DGSE, Elena Poincet (élue personnalité IT de LMI en 2020) et Laurent Oudot, Tehtris propose des solutions XDR pour améliorer les capacités de détection et de réaction face à une attaque. Cet outil comprend la protection des terminaux (PC, mobiles, serveur), mais aussi la partie réseau. Depuis plusieurs années, la plateforme s’est enrichie par des fonctionnalités supplémentaires y compris à base d’IA notamment avec la version 14 présentée en juin dernier.

Une technologie qui a séduit les investisseurs en 2020 avec une première levée de fonds de 20 millions d’euros en série A. Deux ans après, un second tour de table de 44 millions d’euros en série B avait été clôturé. Les fonds historiques de la série A en 2020 avaient poursuivi l’aventure : Tikehau Ace Capital, Open CNP, Corporate Venture de CNP Assurances, et Nouvelle-Aquitaine Co-Investissement (NACO). L’entreprise avait alors activement recruté pour accélérer son développement à l’international, avec déjà une présence en Allemagne et en Espagne, ainsi qu’au Canada et au Japon pour la partie support. Les fonds ont également servi à financer sa croissance dans la R&D en France pour continuer à optimiser la plateforme XDR et poursuivre sa stratégie de recherche technologique.

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