Si l’IA a clairement donné un coup d’accélérateur aux besoins en matière de datacenters, Uptime Institute pointe deux points de tensions récurrents : une pénurie de compétences et un manque de ressources énergétiques.
Un bilan en demi-teinte pour la 15e édition, l’enquête annuelle sur les centres de données de l’Uptime Institute. Elle a été menée auprès de plus de 800 exploitants et 1 000 fournisseurs et consultants. Si des efforts sur la résilience sont à souligner, l’étude montre la persistance de certains obstacles. Les sondés ont identifié plusieurs enjeux majeurs concernant la gestion de leur infrastructure numérique pour les 12 mois à venir. En tête des préoccupations figurent la maîtrise des coûts (76 %), la difficulté à anticiper les besoins futurs en capacité de datacenter (71 %), l’amélioration de la performance énergétique des équipements d’infrastructure (67 %) et la disponibilité de l’énergie (63 %). À cela s’ajoutent les perturbations de la chaîne d’approvisionnement (65 %) et la pénurie de personnel qualifié (67 %). Andy Lawrence, directeur exécutif de la recherche chez Uptime Institute considère que les interrogations sur la planification des capacités sont importantes. Selon lui, l’inquiétude s’explique par deux grandes tendances: la croissance continue de la demande en ressources IT et l’émergence des charges de travail liées à l’intelligence artificielle, dont les besoins restent encore très difficiles à quantifier.
Sur ce dernier point, Andy Lawrence à l’occasion d’un webinaire, a souligné : « Il y a une grande incertitude quant à l’impact de l’IA, à sa localisation, à la quantité d’énergie, d’espace et de refroidissement qu’elle exigera, et à la part d’infrastructure qu’il faudra mobiliser, que ce soit en colocation, dans une entreprise ou une installation à grande échelle ». Côté bénéfices de l’IA, les opérateurs attendent avant tout une amélioration de l’efficacité (58 %), une réduction des erreurs humaines (51 %) et un gain de productivité pour le personnel (48 %). Toutefois, seuls 35 % se disent prêts à confier à l’IA le contrôle direct des équipements, et 21 % à l’utiliser dans les processus RH. « Certains types d’IA sont un peu meilleurs pour faire un travail précis pour générer des copies ou des documents, mais ils ne sont peut-être pas adaptés au contrôle des infrastructures », commente Max Smolaks, analyste chez Uptime Institute.
L’électricité, toujours en tête des causes d’incidents majeurs
Les pannes importantes restent fréquentes, bien que leur occurrence diminue légèrement : 50 % des exploitants déclarent en avoir connu au cours des trois dernières années, contre 53 % en 2024. Dans 45 % des cas, ces interruptions sont dues à des dysfonctionnements des systèmes UPS (onduleur). Parallèlement, la part des pannes liées à l’alimentation électrique a nettement reculé par rapport à 2024 (54 %), mettant fin à la tendance à la hausse observée depuis 2020.
Par ailleurs, la densité énergétique par baie continue d’augmenter, en particulier dans la fourchette 10–30 kW, ce qui renforce les contraintes énergétiques, notamment dans les régions déjà soumises à de fortes tensions.
Les problèmes d’alimentation électrique restent la principale cause des pannes majeures dans les datacenters, selon l’enquête 2025 de l’Uptime Institute. (Crédit photo: Uptime Institute)
Un marché de l’emploi sous tension persistante
Sur le plan des ressources humaines, le manque de personnel persiste. Déjà identifiés comme l’un des principaux enjeux lors de la 14e édition de l’enquête, les problèmes de personnel restent d’actualité en 2025. Près de 46 % des exploitants rencontrent des difficultés à recruter des profils qualifiés, tandis que 37 % peinent à fidéliser leurs équipes. Cette pénurie s’explique par une demande croissante de compétences techniques, combinée à un fort taux d’attrition. Pour autant, la majorité des départs ne signifie pas une sortie du secteur, les professionnels restant majoritairement dans l’écosystème des datacenters.
En effet, la majorité des exploitants constate que leurs employés sont surtout attirés par des offres concurrentes au sein du même secteur, plutôt que par un départ complet de l’industrie. Cela révèle que ces professionnels apprécient leur métier, mais recherchent de meilleures conditions, comme des salaires plus élevés ou plus de flexibilité. Le « poaching », ou débauchage entre concurrents, est devenu une pratique répandue, mais reste une solution temporaire qui ne résout pas durablement la tension sur le marché de l’emploi selon l’étude.
Près de la moitié des exploitants peinent à recruter des profils qualifiés, tandis que plus d’un tiers rencontrent des difficultés à fidéliser leurs équipes. (Crédit photo: Uptime Institute)