Moins d’engrais et de pesticides dans les champs grâce aux drones 5G

En phase d’expérimentation dans un domaine agricole autrichien, le recours à des drones 5G a permis de réduire l’épandage des fertilisants et des pesticides en ciblant mieux les zones à traiter.

Activité traditionnelle par essence, l’agriculture n’est toutefois pas imperméable aux nouvelles technologies. L’utilisation de drones pilotés à distance ou travaillant en mode autonome avec une route préprogrammée n’est plus une singularité dans les exploitations agricoles. L’arrivée de la 5G – et de ses promesses en termes de débit et de latence – amène des entreprises spécialisées dans la fourniture de services « aéroportés » (cartographie, remontée de la température et de l’hydrométrie) à développer des solutions à destination des agriculteurs. L’entreprise DroneTech, en Autriche, s’est associée à Huawei, avec le concours de la ville de Linz et des autorités fédérales autrichiennes pour mettre en place un programme pilote dans un domaine viticole, produisant également des asperges. L’idée est de proposer un service de location de drones capable de cartographier et de remonter en temps réel les principales métriques des terres cultivées. 

Le 4 octobre, DroneTech et Huawei se sont installés au domaine agricole de Nussbockgut pour mettre en avant la solution utilisée pour suivre la croissance des plantes. (Crédit S.L.)

Le domaine agricole de Nussbockgut de la famille Velechovsky à Leonding, près de Linz, a accueilli la phase 1 de ce programme Smart Farm 5G développé par DroneTech et Huawei. Le premier a fourni les drones et la supervision humaine, tandis que le second apporte son expertise des réseaux et du cloud pour assurer la collecte et le traitement en temps réel des données. À Nussbockgut, les deux drones utilisés remontent 70 Go de données issues des capteurs et de la caméra haute définition en parcourant les 10 hectares de vignes. Les dirigeants de la ferme, M. et Mme Velechovsky, nous ont expliqué lors d’un court entretien que la participation à ce programme pilote leurs avait permis de gagner du temps pour l’entretien des terres cultivées et de réduire l’usage des engrais et des pesticides avec un épandage beaucoup plus précis. « Seules les zones en déficit sont traitées, et nous essayons de réduire au maximum l’usage des pesticides grâce aux images remontées par les drones », nous ont déclaré les exploitants agricoles. « Pour les vignes et les asperges, si vous respectez les plantes, il est possible d’intervenir à toutes les étapes de leur croissance. 50% des cultures ne sont pas dans un environnement optimal, nous apportons la possibilité d’intervenir sur des secteurs précis », a complété Felix Müller, COO de DroneTech.

M. et Mme Velechovsky nous ont accueilli dans leur ferme près de Linz pour mettre an avant leur utilisation des nouvelles technologies. (Crédit S.L.)

Remontée et traitement analytique en temps réel

« Plus de capteurs sur les drones signifient plus de données à transmettre », poursuit Felix Müller. « Et la couverture 5G mobile est très importante pour la personne qui pilote le drone. Plus la distance est grande, notamment en altitude et plus la qualité du signal est importante ». L’équipementier chinois assure cette délicate partie en apportant son expertise dans l’optimisation du réseau. Précisons que la 5G utilisée est de type public, celle de Magenta Telekom (Deutsche Telekom en Autriche), le recours à la 5G privée n’étant pas vraiment nécessaire, car le nombre de drones utilisés n’est pas très élevé. Un porte-parole de Huawei nous a d’ailleurs précisé que la 5G privée en mode slicing serait beaucoup trop onéreuse pour ce type d’usage. Le débit utilisé dans le cadre de cette expérimentation avoisine le 150 mégabits avec une latence comprise entre 15 et 20 ms. Un porte-parole du gouvernement autrichien a toutefois indiqué que l’objectif était de proposer sur tout le territoire national un débit 5G proche du gigabit avec une latence de 1 ms. Pour la partie cloud, les porte-paroles de Huawei ont été très discrets indiquant simplement qu’un cloud privé stocké et analysé les données transmises par les drones. La partie traitement analytique avec recours à l’IA ressemble à de la dataviz classique avec la cartographie des champs survolés et la visualisation des mesures relevées. Huawei n’a pas été très dissert sur cette partie indiquant simplement que cette brique logicielle était dans sa phase expérimentation. 

Un pilote de DroneTech supervisant le vol de son oiseau de fer au dessus du vignoble de Nussbockgut. (Crédit S.L.)

Avec la conclusion de cette première partie, DroneTech et Huawei lancent la seconde baptisée Digital Sky avec pour ambition de développer une activité commerciale en mode libre-service. Une station base avec des drones dans des abris fermés pourrait répondre aux demandes des agriculteurs et autres services de sécurité ou de lutte contre les incendies pour survoler une zone précise et remonter en temps réel des images et des données. L’autonomie des drones n’est pour l’instant que de 10 à 15 km et le pilotage – même en mode autonome pour une question de législation – doit se faire à vue. Ce qui limite pour l’instant l’usage ce cette solution à des activités locales : inspection de panneaux solaires, gestion du trafic, reconnaissance avant intervention en urgence, détection de l’usure des lignes électriques et bien sûr inspection des champs. Avec l’accord des autorités, un survol des villages et des villes avec des drones offrant une autonomie de 200 km en mode autonome est envisagé dans un second temps, mais sans indication de date. 

Un des engins de DroneTech équipé d’un routeur 5G Huawei pour transmettre en temps réel ses données vers le cloud. (Crédit S.L.)

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