Oracle décroche un contrat cloud pluriannuel de 30 Md$

Au coeur du vaste projet d’infrastructure d’IA Stargate aux Etats-Unis, Oracle a conclu un contrat de services cloud à 30 milliards de dollars de revenus par an avec une société dont le nom n’est pour l’instant pas connu. Les analystes estiment que cette décision n’aura pas d’incidence sur la capacité du fournisseur à fournir ses autres clients.

Oracle poursuit sa poussée stratégique sur le marché de l’infrastructure d’IA en cherchant à concurrencer les principaux fournisseurs de services cloud. La société a déclaré ce lundi qu’elle avait signé un accord de services cloud qui ajoutera 30 Md$ par an à son chiffre d’affaires à partir de l’exercice 2028, qui commence le 1er juin 2027. Le client n’a pas encore été nommé, mais l’engagement pourrait finalement représenter un quart ou un tiers du chiffre d’affaires du fournisseur pour l’année fiscale 2028, sur la base de son dernier chiffre d’affaires de 57,4 Md$. « Il s’agit d’une méga-victoire pour Oracle, qui lui permet d’égaliser le terrain de jeu avec les trois grands hyperscalers, à savoir Azure, AWS et GMS : Azure, AWS et GCP », a déclaré Scott Bickley, consultant chez Info-Tech Research Group.

Selon un document déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), la CEO d’Oracle, Safra Catz, s’est réuni aujourd’hui avec d’autres dirigeants d’entreprise pour faire le point : « Le chiffre d’affaires de notre base de données multicloud continue de croître à plus de 100 %, et nous avons signé plusieurs grands accords de services cloud, dont un qui devrait contribuer à plus de 30 Md$ de chiffre d’affaires annuel à partir de l’exercice 28. » Si le client à l’origine de cet engagement n’a pas encore été nommé, les analystes estiment qu’il s’agit probablement d’un contrat d’hyperscaler desservant la région Asie, « peut-être un ByteDance ou peut-être OpenAI, ou d’un niveau similaire », comme l’a déclaré M. Bickley. Le groupe est un fournisseur clé pour la maison-mère de Tiktok et prévoit d’investir 20 Md$ dans son infrastructure cloud mondiale cette année, notamment à Johor, en Malaisie.

Le plan de Larry Ellison : dominer le monde du cloud

« Oracle Cloud Infrastructure (OCI) est sur une trajectoire incroyable », a noté Matt Kimball, vice-président et analyste principal pour le stockage et l’infrastructure IT pour datacenters chez Moor Insights & Strategy. Selon M. Bickley, en plus de sa croissance continue, OCI a une obligation de performance restante (RPO) – le total des revenus futurs attendus des contrats non encore déclarés comme revenus – de 138 Md$, ce qui représente une augmentation de 41 % d’une année sur l’autre. L’entreprise bénéficie de l’immense demande en matière d’informatique cloud, largement alimentée par les modèles d’IA. Bien qu’éditeur traditionnel d’ERP, la société a lancé OCI en 2016 et a investi stratégiquement dans l’IA et l’infrastructure de centre de données capable de prendre en charge des gigawatts de capacité.

Elle est notamment partenaire du projet Stargate, financé par SoftBank, OpenAI et Oracle à hauteur de 500 Md$, pour construire une infrastructure d’IA aux États-Unis. L’entreprise aurait dépensé environ 40 Md$ en GPU Nvidia pour un très grand datacenter à Abilene, au Texas, qui servira de premier site de Stargate dans le pays. En outre, l’entreprise a fait part de son intention d’augmenter considérablement ses investissements à Abu Dhabi pour développer ses offres de cloud et d’IA aux Emirats arabes Unis, de s’associer à IBM dans l’IA agentique et de lancer plus de 50 cas d’utilisation GenAI avec Cohere. 

Pas d’effet collatéral pour les autres clients d’Oracle

Oracle a adopté une « approche prudente et fiscalement responsable » pour la mise en place de son infrastructure IaaS et PaaS car il ne dépense du capital qu’après la signature des contrats avec les clients, a fait remarquer M. Bickley. « Cela permet à Oracle d’éviter un financement par emprunt coûteux tout en bloquant les revenus des clients sur plusieurs années », a-t-il déclaré. Il a souligné que l’accord de 30 Md$ ne générera pas de revenus avant l’exercice 2028, ce qui implique une « longue période pour la construction des centres de données sous-jacents, l’alimentation électrique et le matériel spécialisé requis ». Bien qu’une transaction de cette ampleur soit « monumentale », elle ne devrait pas affecter matériellement la capacité d’Oracle à servir ses clients existants, étant donné que ces centres de données sont soit construits, soit en cours de développement, a-t-il fait remarquer. M. Kimball, de Moor Insights & Strategy, s’est dit d’accord, affirmant qu’OCI gère bien son activité. Bien qu’il ait déclaré qu’il serait normalement préoccupé par ce qui semblerait être un flux de revenus déséquilibré, le fournisseur se développe pour répondre à un marché plus large plutôt que de se concentrer sur un seul client.

« Oracle et OCI savent comment servir un ensemble de clients divers, même si certains d’entre eux peuvent mobiliser des ressources importantes, a ajouté M. Kimball. « S’il s’agissait d’une start-up, ou peut-être d’un [fournisseur] néo-cloud, je m’inquiéterais de la capacité à équilibrer les besoins d’un client gigantesque et ceux de milliers d’entreprises plus petites », a déclaré M. Kimball. « Cependant, OCI et Oracle ne m’inquiètent pas du tout. » Les analystes ne voient pas non plus de raison de s’alarmer de la domination potentielle de big red dans ce domaine, bien au contraire. « Cet accord démontre que la révolution de l’IA est là pour durer, et qu’il semble y avoir suffisamment d’affaires pour que plusieurs gagnants s’affrontent dans ce domaine », a déclaré M. Bickley.

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