Pour un usage pondéré de la GenAI dans le recrutement IT

Dans un contexte marqué par un ralentissement du recrutement IT, les candidats s’appuient sur l’IA générative pour optimiser leurs candidatures. Toutefois, la formation continue et l’authenticité demeurent des atouts essentiels pour réellement sortir du lot.

Ces derniers mois, le marché de l’emploi IT connaît un net ralentissement, marqué par une moindre dynamique des recrutements et une hausse des incertitudes économiques globales. Dans ce contexte instable, les entreprises adoptent une posture prudente, réévaluant leurs besoins en ressources et leurs stratégies d’embauche. Certaines d’entre elles explorent également l’usage de l’IA générative pour optimiser leurs processus de recrutement, en filtrant les candidatures, automatisant les entretiens ou en envisageant de remplacer certains postes techniques de niveau débutant par des solutions automatisées.

Pour mieux cerner les difficultés rencontrées par les professionnels du secteur, Robert Half a mené une enquête auprès de 1 000 travailleurs américains, dont 144 spécialisés dans l’IT. Il en ressort que 35 % d’entre eux ont du mal à trouver un poste correspondant à leurs compétences, 30 % éprouvent des difficultés à se préparer aux entretiens, et près d’un sur cinq ne sait pas comment se démarquer dans ses candidatures. Dans un environnement aussi mouvant, de nombreux chercheurs d’emploi tentent de tirer parti de l’IA pour se repositionner. Une stratégie légitime, selon George Denlinger, président opérationnel de Robert Half, mais qui nécessite un usage réfléchi.

L’IA comme assistant, pas comme substitut

George Denlinger considère l’IA générative comme un outil complémentaire pour peaufiner sa candidature. Elle aide à corriger les fautes, de mieux valoriser ses réalisations techniques et d’adapter le vocabulaire aux attentes des recruteurs. L’IA simplifie aussi les tâches répétitives comme la recherche d’entreprises, le ciblage des offres, la personnalisation des candidatures ou l’optimisation des profils en ligne, notamment sur LinkedIn.

Certains candidats s’en servent également pour simuler des entretiens, anticiper les questions fréquentes et structurer leurs réponses. « Cette pratique améliore la communication et aide à être plus concentré, clair et confiant lors des entretiens », explique t-il. Selon lui, « les candidats qui réussissent à exploiter pleinement l’IA dans leur recherche d’emploi le font toujours de manière réfléchie et stratégique. »

Des dérives de plus en plus visibles

À l’inverse, un usage excessif peut se retourner contre les candidats. Le dirigeant de Robert Half alerte notamment sur l’utilisation de l’IA en temps réel lors des discussions pour générer des réponses techniques, une pratique jugée trompeuse et de plus en plus repérée par les recruteurs.

Un autre piège courant consiste à copier intégralement des formulations proposées par l’IA dans son CV, sans en maîtriser le contenu. « Certains candidats se contentent de reproduire mot à mot des descriptions de poste ou des termes suggérés par l’IA, sans réelle connaissance de ceux-ci », explique-t-il. Un recours excessif à cette technologie pour rédiger les documents de candidature, en particulier les CV, peut provoquer une déconnexion lors des entretiens. En effet, les candidats ne sont souvent pas capables d’expliquer ou de développer les compétences listées. George Denlinger explique que « cela peut les amener à décrocher un poste pour lequel ils ne sont pas préparés, avec des attentes et responsabilités qu’ils ne maîtrisent pas. »

L’authenticité et l’expérience avant tout

Les recruteurs recherchent des compétences concrètes, ancrées dans des expériences réelles : projets réalisés, systèmes développés, équipes encadrées, problèmes résolus. C’est sur ces éléments tangibles que repose la valeur d’un candidat. L’IA peut aider à structurer un discours, mais pas à créer du vécu. « Pour se démarquer, il faut transmettre sa personnalité et son intérêt réel pour le poste et l’entreprise », rappelle George Denlinger. Son conseil : « Utilisez l’IA pour structurer et clarifier, mais veillez à ce que votre voix et votre contribution personnelle soient toujours au centre. »

Pour rester compétitifs, les professionnels IT doivent allier formation théorique et expérience pratique, souligne-t-il. « Le marché actuel exige une capacité d’adaptation et un engagement constant dans l’apprentissage. » Projets personnels, stages, hackathons, contributions open source sont autant d’éléments qui offrent une crédibilité bien plus solide qu’un simple CV rédigé par une IA. « Les profils actifs dans la transformation numérique et les technologies émergentes tireront leur épingle du jeu », conclut-il.

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