Progrès limités sur la durabilité des datacenters en 2025

D’après l’Uptime Institute, le bilan environnemental des datacenters marque le pas et même recule. Pour expliquer ce résultat, il pointe l’assouplissement des contraintes réglementaires en matière de développement durable et du focus sur l’IA.

Le monde des datacenters a été moins vertueux en 2025 en terme d’efficacité énergétique, de suivi des émissions de carbone et de consommation d’eau. C’est la conclusion de la 15éme enquête annuelle mondiale sur les centre de données de l’Uptime Institute. « Alors que les charges de travail liées à l’intelligence artificielle continuent d’augmenter et que les centres de données traditionnels restent opérationnels, les initiatives en matière de durabilité sont au point mort », observe l’organisme.

L’enquête a été menée en ligne d’avril à mai 2025, a recueilli les réponses de plus de 800 propriétaires et opérateurs de centres de données et de plus de 1 000 fournisseurs et consultants. « Le point intéressant cette année, c’est que, même si l’augmentation des données collectées était loin d’être spectaculaire ces dernières années, elles ont diminué cette année, ce qui conduit évidemment à penser que la durabilité serait en recul et ne serait plus une priorité », a déclaré Andy Lawrence, directeur exécutif de la recherche à l’Uptime Institute, lors d’un webinaire présentant les résultats. « Cependant, je dirai plutôt que le secteur des centres de données ne s’est pas encore adapté à la publication de rapports sur la durabilité. »

La collecte de métriques environnementales en baisse

L’enquête 2025 a révélé que, pour la sixième année consécutive, les niveaux moyens d’efficacité énergétique (PUE) n’ont guère évolué. Elle a également montré que la densité énergétique moyenne des racks de serveurs continue d’augmenter, avec une adoption plus importante des racks dans la gamme des 10-30 kW et peu d’installations dépassant les 30 kW. Selon l’étude, la demande en infrastructures d’alimentation et de refroidissement est en hausse, alors que de nombreuses entreprises en sont encore aux premiers stades de l’adoption de l’IA.  

L’organisme constate par ailleurs que la collecte et la communication des indicateurs de durabilité ne se sont pas améliorées en 2025. Ainsi, 84% des sondés ont produit des métriques sur la consommation électrique de l’IT ou des datacenters contre 89% en 2024. Recul aussi sur la métrique du PUE passant de 76% en 2024 à 74% cette année et sur l’utilisation des serveurs (41% en 2024 vs 37% en 2025). Retrait également sur les émissions carbones sur le Scope 1 et 2. Par contre, bon point sur la consommation d’eau où 47% des répondants publient cette métrique contre 43% en 2024.

Moins de contraintes réglementaires et l’IA détourne l’attention

Pour expliquer ces replis, Uptime Institute met en avant l’assouplissement de certaines contraintes réglementaires sur le développement durable. Et de citer l’abandon par la SEC (securities and exchange commission) d’exiger la publication de rapports sur les risques climatiques, y compris les émissions de gaz à effet de serre (GES). De même, l’UE a réduit la portée de la directive CSRD et du nombre d’entreprises soumises au reporting environnemental, sociale et de gouvernance.

Une autre explication de la régression constatée par l’organisme est l’IA. « Nous pensons que l’accent mis sur l’IA et d’autres investissements importants et impératifs stratégiques a sans doute détourné une partie de l’attention. Nous pensons également que certaines entreprises commencent à se méfier de leurs données et à les réexaminer », glisse Andy Lawrence. Il ajoute, « nous avons le sentiment que certains des objectifs les plus ambitieux annoncés ne seront pas réalisables ». Ainsi, il prévient que sans progrès significatifs en matière d’efficacité ou sans adoption généralisée du refroidissement liquide et d’autres systèmes avancés, la croissance des infrastructures d’IA pourrait avoir un impact négatif sur les progrès récents dans la durabilité. « Les grands projets d’expansion, notamment les centres de données d’IA en cours de développement ou récemment mis en service, consomment beaucoup de ressources, ce qui rend les objectifs de durabilité plus difficiles à atteindre et fait que les opérateurs sont moins motivés à collecter et à communiquer les données », conclut le rapport.

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