La 15e édition du Top 250 de Numeum, réalisé avec EY, fait ressortir une croissance du chiffre d’affaires de 7,4 % en 2024 – contre +9,1 % un an plus tôt – pour le secteur de l’édition logicielle en France avec un total de 23,1 Md€ . Hors impact du rachat de Sopra banking par 74 Software, la croissance des effectifs a été inférieure à 3 %.
Année après année, la dynamique de croissance du secteur de l’édition logicielle en France s’essoufle. De 10,6 % en 2022 puis 9,1 % en 2023, elle s’est élevée à 7,4 % en 2024. Le Top 3 du classement (Dassault Systèmes, Ubisoft et Criteo) voit ses revenus baisser de 2 %. Si les éditeurs du Top 10 ont vu leur croissance de chiffre d’affaires progresser de 4,5 %, celle-ci reste toutefois inférieure à celle de l’an passée (5 %). Sur le reste du panel du Top 250, le dernier classement de Numeum et EY fait ressortir que 81 % de sociétés sont en croissance en 2024 contre 87 % en 2023, de même alors que 51 % ont enregistré l’an dernier une hausse de leur chiffre d’affaires supérieure à 10 %, elles étaient 57 % en 2023. Autre indicateur qui ressort de l’enquête : le niveau de rentabilité avec 79 % des éditeurs qui ont réalisé un bénéficie d’exploitation contre 82 % un an plus tôt.
Côté emplois, les indicateurs ne sont pas vraiment meilleurs. Ainsi, le secteur de l’édition logicielle en France a vu ses effectifs progresser de 2,7 % en 2024 à 218 747 employés contre +5,6 % en 2023. Si la croissance des pure players (les sociétés consacrant plus de 75 % de leurs chiffre d’affaires à l’édition) est ressortie à 8,1 %, elle s’avère toutefois en trompe l’oeil. Retraitée de l’impact de l’acquisition de Sopra Banking par 74 Software, elle ne ressort qu’à 3 % soit un niveau inférieur à celle de 2023 (4,2 %). La situation est-elle grave ? Pas vraiment selon Numeum : « Je trouve que le secteur du logiciel a une belle croissance par rapport à d’autres secteurs », a avancé Jean-Philippe Couturier, président du collège éditeurs de logiciels et plateformes de Numeum et président de Whoz, lors d’un point presse ce jeudi 6 novembre. Ce dernier reconnait toutefois une situation plus compliquée qu’auparavant. « Il y a un ralentissement des recrutements qu’il faut aussi mettre en parallèle avec les levées de fonds qui sont moins importantes : en 2022 elles atteignaient 12 Md€, désormais on arrive à 7,9 Md€ soit à peu près le niveau de 2019 […] Or le niveau d’investissement est aussi proportionnel au niveau de trésorerie, donc moins d’injection de capitaux couplés à une demande de plus de rentabilité des fonds d’investissements au capital des éditeurs fait que fondamentalement on va moins vite », a expliqué M. Couturier.
Extrait du classement de la 15e édition du TOP 250 des éditeurs de logiciels français. (crédit : DF)
L’IA forcément à l’agenda des éditeurs
Dans cette 15e édition du Top 250 de Numeum, on retiendra (sans surprise) que l’IA est en tête des priorités des éditeurs de logiciels (83 %), devant la sécurité (73 %), et le cloud (72 %). L’intelligence artificielle est ainsi devenue la priorité pour 32 % des éditeurs en 2024 contre 22 % un an auparavant. « On voit une évolution très significative par rapport à l’année dernière concernant le pourcentage des éditeurs qui intègrent l’IA générative dans leurs logiciels et plus de 60 % nous disent que c’est le cas contre 40 % l’année dernière », a indiqué Jean-Christophe Pernet, associé chez EY. « 25 % prévoient de le faire, ce qui veut dire qu’en fait on va très rapidement tangenter les 90 % dans un futur relativement proche ». Tout est-il rose pour autant ? Pas si sûr, car le déploiement de l’IA est loin d’être généralisé dans toutes les solutions des éditeurs bien que cela « reste un sujet de focus » selon M. Pernet. Par ailleurs, seules 27 % des entreprises ont formé plus de 50 % de leurs salariés à l’IA générative. « Bien qu’en hausse de 11 points par rapport à 2023, ce pourcentage montre que l’enjeu de formation des salariés à l’usage de l’IA demeure considérable ».