Une trentaine d’emplois menacés par la fin du site de recrutement Monster

Selon le CSE de Monster France, la fermeture du site de recherche d’emploi est imminente en Europe, entraînant le licenciement de 200 salariés. Le désengagement social des actionnaires Randstad et Apollo laisse les trente salariés de la filiale française sans accompagnement ni recours.

La période estivale s’annonce difficile pour les salariés de Monster. L’un des pionniers de la recherche d’emploi sur Internet d’origine américaine est en situation de cessation de paiement, selon un communiqué publié ce 21 juillet par le CSE de Monster France. Moins d’un an après la création d’une joint-venture entre le site de recrutement et CareerBuilder, spécialisé dans la gestion des candidatures, les actionnaires du groupe, le néerlandais Randstad (49 %) et le fond de capital d’investissement Apollo Global Management (51 %) ont interrompu tout soutien financier à Monster Europe, rendant sa liquidation désormais inévitable. Plus de 200 emplois sont menacés en Europe par l’arrêt de l’activité de l’entreprise, dont une trentaine en France. Aux Etats-Unis, une procédure de redressement judiciaire sous la protection de la législation américaine (Chapter 11) a été déclarée en juin 2025 avec des actifs vendus séparément.

« La société Bold – fondée par deux anciens de Monster – va acquérir l’activité US de recherche d’emploi de Monster et  de CareerBuilder pour 30 millions de dollars », nous confie Guillaume Cardinet, membre du CSE de Monster France. « Mais en Europe, la continuité de l’activité ne sera pas assurée, car cette offre ne concerne pas les actifs du groupe à l’international. En France, la fermeture de l’entreprise est donc imminente », nous précise-t-il. Cette liquidation intervient alors qu’un accord d’entreprise sur les licenciements économiques, signé par Monster France sous l’égide de Randstad et valide jusqu’en 2027, prévoyait un accompagnement renforcé pour les salariés : dispositifs spécifiques pour les salariés seniors, en reconversion, créateurs d’entreprise, etc.

 Des engagements sociaux non tenus

Aujourd’hui, cet accord est ignoré. Les raisons ? En 2016, Randstad avait racheté Monster. L’entreprise est restée propriétaire à 100 % jusqu’en septembre 2024, avant de céder la majorité du capital à Apollo. Une configuration que les représentants des salariés de Monster France perçoivent comme un montage permettant à l’entreprise de se délester de ses engagements sociaux. « Randstad se présente comme simple actionnaire minoritaire et sors cette carte pour se délester du soutien financier et humain des équipes dans leur départ. », regrette Guillaume Cardinet.

« Aujourd’hui, aucune solution n’a été proposée : ni facilité de reclassement dans le groupe, ni accompagnement pour les collaborateurs licenciés, ni dispositifs de reclassement spécifiques notamment pour les seniors et les personnes en situation de handicap. Les employés de la filiale française vont perdre, en plus de leur emploi, le portage de leur mutuelle, et leurs indemnités supra légales, sans compter un potentiel retard dans le versement des sommes dues pendant la période des vacances d’été », déplore le représentant du personnel de Monster France.

Des manquements sur l’éthique 

Sans contester la légalité de ces opérations. le CSE de Monster France alerte sur le manque total d’éthique découlant de cette absence de soutien. « Alors que la situation des finances publiques est préoccupante, c’est  l’AGS, le système public de régime de la garantie des salaires qui assumera le paiement des salaires et indemnités de départ. De même, ce sont encore les pouvoirs publics par l’intermédiaire de France Travail qui accompagneront les salariés licenciés dans la recherche d’un emploi ou d’une formation ». », ajoute Guillaume Cardinet. Les représentants du personnel de Monster France ont récemment adressé une lettre officielle à Sander van’t Noordende, CEO de Randstad, sollicitant le respect des accords d’entreprise en vigueur pour les salariés qui seront prochainement privés d’emploi.

À ce jour, Randstad a adressé aux représentants du personnel une fin de non-recevoir évoquant notamment son récent statut d’actionnaire minoritaire pour justifier l’absence de soutien concret. Les équipes de Monster France ont alerté les pouvoirs publics espérant un geste de responsabilité de la part des actionnaires pour pouvoir quitter l’entreprise dans des conditions décentes.  

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