3 choses à prendre en compte avant un déploiement edge

L’évaluation des avantages potentiels d’un réseau edge doit aussi tenir compte du coût, de la complexité et des aspects juridiques.

Quelle puissance de calcul faut-il prévoir à la périphérie du réseau ? Autrefois, quand les réseaux n’avaient pas besoin d’être très intelligents, la question ne se posait même pas. Et la réponse était : aucune. Mais, parce que l’on peut désormais installer des quantités souvent importantes d’équipements de calcul à la périphérie même du réseau, la réponse n’est plus aussi évidente. Certes, les arguments en faveur de cette solution sont sans appel : Quand les paquets parcourent des distances plus courtes, le temps de réponse est plus rapide. Le déploiement de capacités de calcul, de stockage et de mise en réseau à la périphérie, évite des retards et des latences au niveau du réseau, et donc le ralentissement de chaque trajet entre les utilisateurs et les ressources, et il offre aux utilisateurs et aux applications de meilleurs temps de réponse. De plus, comme la périphérie prend en charge plus de tâches, le besoin en bande passante entre les sites distants et les datacenters principaux ou le cloud s’en trouve réduit. Or, moins de bande passante signifie aussi moins de coûts. Cependant, malgré ces promesses, certains problèmes ne disparaissent pas et, parfois, d’autres facteurs entrent en jeu, si bien que l’architecture conventionnelle reste une meilleure option. Trois problèmes en particulier méritent considération : le coût, la complexité et les aspects juridiques.

Le coût

Plusieurs machines locales peuvent coûter plus cher

Dans le modèle de l’edge computing, le grand cluster central est remplacé par de nombreuses machines locales. Parfois, cela n’a pas d’incidence sur le coût, car le matériel local réduit la charge centrale à part égale, une machine edge remplaçant une instance du cluster central. Souvent cependant, le modèle crée de nouvelles redondances qui font augmenter les coûts, et les coûts de stockage en particulier. Au lieu d’une copie centrale de chaque fichier, le réseau edge peut conserver une copie distincte sur chaque nœud périphérique. Si le réseau périphérique est de petite taille, quelques copies supplémentaires peuvent être très utiles pour ajouter de la redondance. Mais si l’on a 200 nœuds edge ou plus, les coûts de stockage peuvent être 200 fois plus élevés. On peut limiter ce phénomène en ne stockant les données que sur les nœuds activement utilisés par chaque utilisateur, mais le problème de la multiplication ne disparaît pas complètement. À un moment donné, le coût de la duplication commence à peser sur les coûts globaux.

La duplication crée une complexité pour la réplication logicielle et augmente habituellement la bande passante. Elle peut fonctionner correctement pour le contenu statique quand les machines locales agissent comme un réseau de diffusion continu (CDN) et ne font pas de travail réel. Mais plus on ajoute d’IT à cette configuration, plus les coûts de synchronisation de toutes les copies augmentent. La duplication fait également augmenter les frais de bande passante. Si n copies sont effectuées aux extrémités, ces n copies peuvent augmenter les coûts de bande passante d’un facteur n. Dans une situation idéale, les nœuds edge agissent comme des caches intelligents qui réduisent la bande passante globale. Mais beaucoup d’architectures ne sont pas idéales, et la réplication finit par envoyer de multiples copies à travers le réseau, augmentant les frais de bande passante au passage. En d’autres termes, plus l’informatique edge se rapproche de l’IT centrale et moins à la mise en cache, plus les coûts risquent d’augmenter.

La complexité

Des problèmes de synchronisation épineux

En fonction des charges de travail, la synchronisation des bases de données entre plusieurs sites périphériques peut devenir problématique. De nombreuses applications, par exemple pour la surveillance de l’IoT ou la sauvegarde des notes d’un seul utilisateur, n’ont pas besoin de beaucoup de ressources pour la synchronisation, car elles ne créent pas de conflits. Ces tâches ordinaires sont idéales pour l’edge. Mais dès que les utilisateurs commencent à se disputer les ressources mondiales, les déploiements deviennent plus délicats. Par exemple, Google installe des horloges atomiques dans ses datacenters où qu’ils se trouvent et les utilise pour arbitrer les écritures complexes dans sa base de données Spanner. Même si une entreprise aura rarement les mêmes besoins que Google, ce problème de synchronisation exigera une couche supplémentaire d’infrastructure et d’expertise.

Le défi des utilisateurs mobiles

En matière d’informatique edge, certains utilisateurs sont pires que d’autres. Dans le genre, ce sont les utilisateurs mobiles qui peuvent poser les plus gros problèmes. Quand ils se déplacent d’un site à un autre, ils peuvent se connecter à un nœud de périphérie différent, ce qui crée à nouveau des problèmes de synchronisation. Même les employés travaillant à domicile peuvent de temps en temps changer de lieu, car « travailler à domicile » signifie en réalité « travailler depuis n’importe où ». À chaque fois que cela se produit, les applications Web doivent changer d’orientation et les nœuds edge doivent se resynchroniser. Et tout ce qui reste en cache de l’état utilisateur dans l’ancien nœud d’accès doit être déplacé et remis en cache dans le nouveau nœud. Le temps et la bande passante nécessaires à cette opération peuvent entamer les avantages attendus en termes de coûts et de performances.

Des exigences en matière de BI

Même si les données sont traitées à la périphérie, une grande partie d’entre elles doivent migrer vers un serveur central où elles peuvent être utilisées pour créer par exemple des rapports quotidiens, hebdomadaires ou mensuels. Si cela se traduit par des pics de demande de bande passante, cette migration de données pourrait remettre en question les économies attendues d’un déploiement edge censé réduire les besoins en bande passante. Il faut donc en tenir compte lors du calcul des coûts et avantages.

Les aspects juridiques

Les taxes

Certains États appliquent une taxe sur les ventes pour les achats en ligne, d’autres non (Andorre par exemple en Europe). Certains ont des taxes d’accise qui ne s’appliquent qu’à cet État. Souvent, les taxes applicables dépendent de l’emplacement physique du matériel où est effectué le traitement des données. L’informatique edge – parce qu’une entreprise peut la déployer dans de nombreuses juridictions – peut rendre la situation encore plus confuse quant aux lois applicables. Cette complexité liée à l’activité en ligne doit être évaluée avant de s’engager dans un déploiement edge.

La résidence des données

L’emplacement des utilisateurs et des données est soumis aux lois sur la protection des données. Certains pays soutiennent le Règlement général sur la protection des données (RGPD), et d’autres ont leurs propres lois. Certaines lois, comme la HIPAA (Health Insurance Portability and Accountability Act) en vigueur aux États-Unis, sont spécifiques du traitement des données de santé. Cela signifie que les entreprises doivent analyser quel ensemble de règles s’applique à chaque nœud périphérique et déterminer comment les respecter, en particulier si les utilisateurs et les serveurs se trouvent dans des juridictions différentes. Parfois, la meilleure solution consiste à installer des nœuds de périphérie dans la même juridiction que celle où se trouvent les utilisateurs, tout en gardant un œil sur les utilisateurs qui migrent.

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