Créé en 1989, sous l’impulsion de Tim Bernes-Lee, le Web a apporté une véritable révolution dans la manière de communiquer, partager et accéder à des informations. Au-delà de l’effervescence naturelle provoquée par un un tel anniversaire, la rédaction de LMI a choisi de mettre en avant plusieurs technologies prometteuses qui n’ont pas résisté au rouleau compresseur du Web.
Le Web a fêté ses 30 ans ce 12 mars 2019 et laisse derrière lui un tas de technologies qui n’ont pas su lui résister. (crédit : Pixabay / TheDigitalArtist)
Le Web a 30 ans : bon anniversaire. Alors que l’on aurait pu se lancer dans un énième rappel historique de la principale couche de service d’Internet, la rédaction du Monde Informatique a préféré regarder dans le rétro en sélectionnant quelques technologies qui ont pu marquer un temps leur époque avant la montée en puissance du Web qui a fini par prendre le dessus.
Les communautés propriétaires : MSN, Compuserve et AOL
Avant l’avènement du Web, plusieurs fournisseurs ont tenté d’imposer des modèles de communautés propriétaires avec le rêve de devenir le point d’entrée pour connecter entre eux des millions d’utilisateurs. Et dans le même temps leur apporter une foultitude de services permettant d’accéder à de l’information, échanger des messages… Parmi ceux qui ont essayé, on retiendra les initiatives Compuserve, AOL et The Microsoft Network (ancêtre de MSN).
Alors que Microsoft a senti le vent tourner en ouvrant finalement MSN au Web avant de le réorienter vers le portail que l’on connait aujourd’hui, AOL et Compuserve se sont rapprochés en 1997 et ont tenté aussi de se recentrer sur les services de portail, non sans mal, supplantés par la montée en puissance des réseaux sociaux comme Facebook et Google+ qui rencontrent aujourd’hui à leur tour des difficultés mais pour d’autres raisons (sécurité, données personnelles…).
A l’origine, MSN a été conçu par Microsoft comme un environnement destiné à fonctionner avec Windows 95 afin de proposer différents services et contenus mettant en réseau ses utilisateurs. (crédit : D.R.)
Bulletin Board Services : un point fort pour partager des documents
Basé sur une technologie de transmission de données relativement modeste en termes de bande passante (de 1 200 à 14 400 bauds), les BBS ont permis d’apporter tout un éventail de services (échange, partage et stockage de fichiers, forum…). Parmi les principaux programmes BBS, on trouvait en particulier RemoteAccess, Amiexpress, PCBoard, Renegade, PCexpress, CNET…
BBS permettait à des utilisateurs distants de s’échanger des messages, stocker et échanger des fichiers. (crédit : D.R.)
Gopher : tout du Web en puissance
Créé en 1991 par des chercheurs de l’Université du Minnesota (Mark McCahill, Farhad Anklesaria, Paul Lindner, Daniel Torrey, Adam Huminsky et Bob Alberti), Gopher permettait d’accéder à l’annuaire téléphonique de l’établissement. Disposant d’abord d’une interface texte puis graphique, l’application a évolué au fil du temps avec une seconde version, Gopher+, accompagnée par une nouvelle salve de fonctionnalités. A noter que des navigateurs Internet supportent cette technologie, parmi lesquels Lynx et ELinks.
Gopher aurait pu supplanter le Web et ses protocoles HTTP et HTML mais il est finalement passé à la trappe. (crédit : D.R.)
Bitnet Relay : l’ancêtre de l’IRC
Les messageries IRC (Internet Relay Chat) ont sans doute connu leur heure de gloire dans les années 90 et 2000 avec des applications tels qu’ICQ ou Messenger. Avant IRC, un autre protocole d’échange avait été conçu en 1985 par Jeff Kell de l’Université du Tennessee. Relay était un service de discussion fonctionnant sur un identifiant reconnu sur plusieurs hôtes du réseau Bitnet. Le revers du fonctionnement en mode différé de ce réseau avait pour conséquence un temps de transmission de message variable pouvant aller de quelques secondes jusqu’à plusieurs heures.
Développé par Jeff Kell de l’Université du Tennessee en 1985, Bitnet Relay est un service d’envoi de messages et de fichiers intégré au réseau point-à-point Bitnet fonctionnant en mode différé. (crédit : D.R.)
Le Minitel : précurseur mais empêtré d’immobilisme
Avant l’essor du Web en 1989, une initiative a marqué l’ère des télécommunications au niveau mondial. Né en France, le Minitel – fruit des travaux de la Direction Générale des Télécommunications (devenu France Télécom en 1988) – avait pour objectif de reprendre l’initiative dans ce domaine. Après la création en 1978 d’un réseau Transpac, dédié au transfert des données basé sur le protocole X25, des travaux aboutissent à une base de données d’annuaire téléphonique consultable à distance via un terminal introduit gratuitement au sein de tous les foyers français. Outre l’annuaire, de multiples services seront ajoutés au fil des années (kiosque Minitel 3615, réservation en ligne, sites d’actualités, recherche documentaire, consultations bancaires, inscriptions universitaires, mais aussi messagerie rose…) avant une fin définitive en 2012.
Développé pour doper l’avancée de la France dans les télécommunications, le Minitel a connu son heure de gloire jusqu’au début des années 90 avant d’être définitivement arrêté en 2012. (crédit : D.R.)
La vocation de cette sélection de technologies effacées à cause de l’essor du Web est loin de viser l’exhaustivité mais de mettre en avant celles qui ont marqué leur temps par leur innovation avant de finir par tomber dans l’oubli. Vous avez des idées de technologies ayant été balayées par le Web ? N’hésitez pas à apporter votre contribution en commentaire.