Après Cisco, Huawei lance son Intent-Driven Network

Pour son évènement partenaires annuel, à Amsterdam cette année, Huawei a présenté à ses relais sur le terrain ses dernières initiatives dans le domaine du stockage et du réseau.

Vice-président en charge du marketing et des ventes pour l’Europe de l’Ouest, Ruiqi Fan invite ainsi les villes française intéressées par un POC smart cities à se rapprocher de Huawei. (Crédit S.L.)

En direct d’Amsterdam. Comme à son habitude, Huawei a profité de son Summit Partners européen annuel pour présenter ses derniers produits et initiatives à destination de ses partenaires et revendeurs (400 personnes attendues avec une centaine d’employés Huawei). Quelques mois après son concurrent Cisco, le fournisseur chinois arrive lui aussi sur le marché avec une solution de type Intent-based networking – rebaptisée pour l’occasion Intent-Driven Network – combinant analytique et IA. C’est Ajay Gupta, responsable marketing pour les produits réseau qui s’est chargé de cette présentation à Amsterdam, après une avant-première au dernier MWC. Et à la différence de Cisco qui avait d’abord prévendu un concept en juin 2017 pour le reformuler un peu plus précisément en janvier dernier, Huawei a tout de suite fourni plus de détails. Selon Huawei, son réseau Intent-Driven Network rassemble plusieurs caractéristiques clés, dont la prédiction des pannes et l’optimisation automatique des performances en effectuant des réparations grâce à l’utilisation de l’analytique et de l’intelligence artificielle (IA).

Particulièrement à l’aise sur les questions réseau, Ajay Gupta, responsable marketing pour les produits réseau, a répondu sans détours à nos questions et défendu sa proposition Intent-Driven Network. (crédit : S.L.)

La plateforme fonctionne pour commencer avec les switchs S6720HI et S5730HI, tout juste annoncés, avec des fonctions d’automatisation pour le déploiement, le provisionnement et la mise en place de stratégies réseau. « D’autres produits sont à venir, nous à assuré Ajay Gupta lors d’un point presse, et même chez d’autres fournisseurs. « A la différence de certains compétiteurs, nous proposons une plateforme ouverte, hardwares agnostiques avec des API accessibles. Ce n’est pas le cas de certains fournisseurs ». Interrogé sur les différences de cette solution avec celle de Cisco, Ajay Gupta a botté en touche en indiquant simplement, « notre moteur intelligent est capable de modéliser le réseau et d’appliquer si besoins des patchs sur les applications. Cela manque à la concurrence. […] Tout le monde va dans le même sens mais l’implémentation peut être différente. Quand vous pensez à protéger vos investissements, il est important de rester ouvert ».

Avec Intent-Driven Network, Huawei propose de modéliser les ressources disponibles sur le réseau gagner en souplesse grâce à l’automatisation. (crédit : S.L.)

Mieux servir les applications

Le besoin des applications est aussi pris en compte par cette solution Intent-Driven Network pour assurer leur bon fonctionnement. Ces technologies permettront aux réseaux définis par logiciel (SDN) d’évoluer vers des réseaux de type intent based, assure le fournisseur qui a déjà déployé près de 380 SDN un peu partout dans le monde, mais il est également possible de débuter directement en conservant les équipements historiques et d’étendre progressivement dans un mode hybride. « Il sera également possible de connecter deux réseaux campus avec un partage automatique des ressources grâce à la virtualisation et l’automatisation des procédures grâce à Intent-Driven CloudCampus », a indiqué Ajay Gupta. « Que l’on se connecte à Los Angeles, Shanghai ou Amsterdam, les utilisateurs pourraient bénéficier des mêmes automatismes ». La convergence des réseaux filaire et sans fil est également de la partie avec la création d’un ensemble unifié partageant les mêmes politiques de sécurité.

Avec Intent-Driven CloudCampus, Huawei veut réconcilier les sites distants en intégrant étroitement les réseaux filaire et sans fil. (crédit : D.R.)

Enfin, la fourniture de composants ENP (Ethernet Network Processor) programmables pour les cartes contrôleurs permet, selon le fournisseur, une personnalisation des fonctionnalités pour par exemple superviser plus facilement un réseau dédié au WiFi et un autre à l’IoT dans une architecture campus. Interrogé sur les premiers POC réalisés chez des clients, Ajay Gupta a précisé que la grande distribution avait commencé à tester la solution. D’autres scénarios ont également été déployés dans des stades pour gérer un réseau WiFi outdoor et dans des auditoriums pour de l’indoor. En Asie, c’est le secteur de la finance qui a commencé à regarder le sujet et en Russie l’industrie du pétrole et du gaz.

Stockage hybride et full-flash

Autre produit présenté lors de cette conférence partenaires, une baie de stockage full-flash offrant des performances de 6 millions d’IOPS avec une latence de 1 ms : l’OceanStor F 18500 V5. Pang Xin, président de la division stockage de Huawei, nous a indiqué lors d’un point presse que cette baie repose sur un chipset flash développé par le fournisseur chinois (voir illustration ci-dessous) et un algorithme baptisé FlashLink. Elle exploite également la technologie HyperMetro active-active – redondance sur une distance de 300 km max – certifiée SAP pour assurer la continuité des services 24/7.

La technologie FlashLink ajuste l’ordonnancement des priorités d’E/S, l’écriture séquentielle des gros blocs, la collecte globale des paquets perdus et d’autres outils pour obtenir une latence prévisible de 0,5 à 1 ms. (crédit : S.L.)

Comme la concurrence, Huawei propose également un outil analytique pour diagnostiquer sa plateforme de stockage. Baptisé eService, il remonte par télémétrie des informations anonymisées pour anticiper les pannes et mieux conseiller les clients dans leur volumétrie. La solution de stockage as a service (STaaaS) vient en sus apporter plus de souplesse dans la gestion unifiée des données sur site et hors site, ce qui permet un déploiement plus flexible des applications.

Des SSD reposant sur des composants maison

Pour les caractéristiques techniques, l’OceanStor F V5 repose sur quatre contrôleurs redondants (avec un maximum de seize) dans un rack 6U. Les unités de stockage flash supportées sont de type SAS 3.0 avec des chipsets maison (voir illustration) pour des capacités allant de 600 Go à 7,2 To. La baie 18500F V5 peut accueillir 2400 SSD et la 18800F V5 3200 SSD. Précisons encore que dans ses laboratoires, Huawei pousse déjà des SSD d’une capacité de 32 To (voir illustration ci-dessous).

Comme Samsung ou Intel, Huawei développe ses propres composants pour équiper ses SSD. (crédit : D.R.)

Précisons également que l’année dernière, le fournisseur chinois avait introduit la baie OceanStor Dorado 18000 V3 fournissant 7,2 millions d’IOPS avec une latence de 0,5 ms. Ce sous-système de stockage prend en charge la déduplication des données avec un ratio de 3:1. Et si la baie n’arrive pas à atteindre ce ratio Huawei s’engage à fournir verser un bonus au client sous la forme de capacités de stockage supplémentaire. Les SSD reposent ici sur le protocole NVMe (et SAS 3.0 si besoin) avec un maximum de 200 drives (1 à 4 To). Les modèles SAS sont plus généreux – mais moins rapides – avec une capacité de 600 Go à 7,68 To.

Une ambition mondiale portée par 80K développeurs

Avec ces deux gammes de produits, dans le réseau et le stockage, Huawei affirme encore une fois son ambition de devenir un fournisseur global dans le domaine des infrastructures, à l’égal d’un Dell-EMC ou d’un Cisco. Et comme nous l’a rappelé Ruiqi Fan, vice-président en charge du marketing et des ventes pour l’Europe de l’Ouest, fort de ses 80 000 ingénieurs et développeurs dédiés à la R&D – sur un total de 180 000 employés dans le monde – dispersés dans 14 centres de recherche et 36 innovations centers (coopérés avec des acteurs comme SAP, Thales, Alstom ou encore Indra) le fournisseur peut compter sur une force de frappe unique sur le marché. Le développement et le support de la plateforme cloud public – sur base Openstack – fournie à Orange, Telefonica et Deutsch Telecom est un bon exemple de cette puissance opérationnelle. «T out le monde connait Huawei comme une entreprise avec une stratégie à long terme, mais nous voulons faire mieux, plus fort pour accompagner la transformation numérique de la finance, de la grande distribution, de l’automobile ou encore de l’éducation ».

Huawei travaille par exemple avec PSA pour collecter et analyser dans un cloud privé ou hybride les données produites par près de 12 millions de voitures connectées. L’enjeu est ici de stocker localement – dans 180 pays – des données particulièrement sensibles. Autre exemple les yellow bikes du chinois Ofo qui commencent à pulluler dans les capitales européennes. Ces bicyclettes en libre service sont équipées d’une puce IoT fournie par Huawei. Soit près de 10 millions de vélos dans 20 pays et 180 villes dans le monde. Autre ambition clairement affichée de Huawei les smart cities. Ruiqi Fan invite ainsi les villes françaises et les partenaires/intégrateurs intéressées par un POC à se rapprocher de Huawei pour étudier les possibilités dans le domaine de la surveillance de la pollution, du trafic routier ou encore des transports publics afin d’apporter plus d’outils de contrôle aux responsables des grandes agglomérations urbaines.

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