Comment IBM prépare le Brexit

Dans le cas d’un Brexit sans accord entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, les entreprises doivent se préparer à encaisser le choc. Parmi elles, IBM a choisi de se concentrer sur quatre axes de risque potentiels.

Si les choses ne changent pas d’ici le 29 mars, le Royaume-Uni se dirige droit vers un Brexit sans accord avec l’Union européenne. Une situation synonyme de bouleversement pour bon nombre d’entreprises implantées sur place, et pour leurs partenaires commerciaux. (Crédit : Elionas2, Pixabay)

Le 29 mars prochain, le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne. Si aucune autre solution n’est trouvée d’ici là, la situation semble se diriger vers un « no-deal », un Brexit dur, sans accord entre les deux parties. Cela signifie qu’il n’y aurait pas période de transition et que la législation européenne cesserait immédiatement de s’appliquer au Royaume-Uni à 23h (heure britannique) ce jour-là. Pour les entreprises, le choc pourrait-être violent. IBM, par exemple, s’y prépare.

Implanté sur plusieurs sites en Angleterre, en Ecosse et en Irlande du Nord, le fournisseur américain a anticipé différents cas de figure, explique-t-il dans un communiqué. S’il dit garder espoir, il estime que « tout changement politique aussi important que le Brexit devrait être aussi structuré que possible pour éviter les bouleversements économiques ». L’entreprise a ainsi pensé à quatre secteurs sur lesquels un Brexit dur pourrait gravement peser.

Plus de contrôles et de réglementations

Après le Brexit, les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE seraient régies par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon IBM, cela impliquerait des contrôles douaniers et administratifs supplémentaires, et des droits de douane conformes aux règles de l’OMC. « IBM importe des marchandises de l’UE vers le Royaume-Uni et vice versa et pourrait donc être affecté par la fin de la libre circulation des marchandises », rappelle l’entreprise. « Nous avons mis en place des plans pour tenir compte de ces considérations. Nous ne prévoyons aucune incidence sur les tarifs, en partant du principe que les taux de l’accord sur les technologies de l’information (ATI) continuent de s’appliquer. »

Le RGPD aura un vrai rôle à jouer

Le second volet qui pourrait être touché par un no-deal selon IBM concerne la libre circulation des services et des données. Les clauses contractuelles, les règles d’entreprise devront être repensées selon les principes du RGPD, car les données personnelles ne pourront plus circuler librement entre l’UE et le Royaume-Uni. En tant que responsable du traitement des données et sous-traitant pour le compte de ses clients, l’entreprise a intégré des clauses standard de l’UE dans les contrats afin de permettre à ces transferts de se poursuivre sans interruption, et a prévenu ses clients des changements dans une lettre envoyée en février dernier.

IBM pas inquiet pour ses employés

Les travailleurs européens travaillant sur le territoire britannique (et inversement) font également partie des acteurs menacés par ce changement de paradigme. Sur ce point, le gouvernement de Theresa May s’est engagé à mettre en œuvre un plan permettant à tous les citoyens de l’UE qui résident légalement au Royaume-Uni d’ici le 29 mars 2019 d’obtenir un statut fixé par le droit britannique. De fait, IBM s’attend à un impact « très limité » grâce à sa « vaste réserve mondiale de talents et ses pratiques bien établies pour le déploiement de ressources dans le monde entier », combinées au plan prévu par les autorités britanniques.

Vers un exil de certaines banques britanniques ?

Enfin, l’entreprise américaine s’est penchée sur un dernier axe, la libre circulation des capitaux. Elle anticipe des difficultés pour les entreprises de services financiers travaillant depuis le Royaume-Uni pour des clients européens, expliquées par la perte des « droits de passeport » des prestataires concernés. En termes financiers, ces droits de passeport permettent à des acteurs de la finance situés au Royaume-Uni de vendre leurs services à travers l’UE. « La fin de la libre circulation des capitaux pourrait avoir une incidence sur IBM en raison de l’augmentation des rapports réglementaires, des frais supplémentaires pour les paiements transfrontaliers et de la volatilité des devises », avance le fournisseur américain. « Nous surveillons ces mouvements de près et avons mis en place des plans complets de manière à minimiser l’impact sur nos clients. IBM entretient des relations bancaires dans toute l’Europe et, en raison de la perte des « droits de passeport », certaines des banques du Royaume-Uni pourraient changer de site. »

Comme IBM, plusieurs entreprises et organismes ont proposé des hypothèses sur les conséquences d’un Brexit dur depuis le référendum de juin 2016. Dès le mois suivant, Gartner avait prévu une baisse des dépenses IT mondiales et une hausse des prix. Plus récemment, la CNIL a diffusé une alerte au sujet des données personnelles.

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