
A l’heure du déconfinement, la RATP teste actuellement la technologie de reconnaissance faciale de Datakalab à la station de métro Châtelet Les Halles. Officiellement il s’agit de vérifier le respect du port du masque obligatoire, mais faciliter le travail des agents sur le terrain pour de la prévention avant verbalisation n’est pas à exclure.
La RATP réunie en cellule de crise en présence de sa PDG Catherine Guillouard (troisième à gauche autour de la table) pour suivre ce lundi 11 mai 2020 les différentes mesures prises sur le réseau dans le cadre du déconfinement. (crédit : RATP)
Du gel hydroalcoolique, des masques et de la reconnaissance faciale. Tel est – pourrait-on résumer – l’arsenal de la RATP, au-delà du placardage et des annonces sonores pour le respect des fameux gestes barrière que tout le monde commence à connaître par coeur – mis en oeuvre à l’heure du déconfinement. Entré en vigueur ce 11 mai 2020, cette étape signifie beaucoup de choses pour les Français, à savoir la possibilité de se déplacer sans attestation dérogatoire. A une exception notable près : se rendre sur son lieu de travail en empruntant les transports en commun aux heures de pointe.
Le risque sanitaire étant bel et bien toujours présent – et vraisemblablement encore de nombreux mois – impossible pour la RATP de ne pas prendre ses responsabilités en prenant les mesures adéquates pour permettre aux franciliens de se déplacer dans de bonnes conditions. La distribution de gel hydroalcoolique par d’agents armés de grosses bonbonnes dans le dos et de masques n’a cependant pas empêché certaines lignes d’être prises d’assaut, en particulier sur la ligne 13 ou encore dans le RER B, avec un non respect édifiant ce 11 mai 2020 matin des mesures barrières, en tout cas celle concernant la distanciation sociale d’un mètre très difficile à faire respecter. Afin que cela soit le cas, la vidéosurveillance augmentée à la reconnaissance faciale permettra-t-elle à la RATP de mieux faire respecter les règles ?
La conformité RGPD dans le viseur
Cela pourrait être le cas. Le groupe s’est lancé un test grandeur nature à la station de métro la plus fréquentée de France – 33 millions de passagers par an – avec la start-up Datakalab. Pendant une période initiale de trois mois, les agents auront la possibilité depuis une salle de contrôle d’accéder à un tableau de bord permettant de connaitre en temps réel la part des usagers portant un masque à des fins de lutte contre la propagation du Covid-19. Si pour l’instant il n’est pas encore question de verbaliser les personnes qui n’auraient pas de masque – les premières images filmées ce matin dans le métro parisien semblent pour l’instant montrer que les usagers jouent plutôt bien le jeu – le moment venu la reconnaissance faciale devrait constituer un atout clé pour les agents afin d’agir sur le terrain. Pour la RATP, la technologie de pointe de la reconnaissance faciale ne servirait que de « super » compteur. Mais sans tirer parti de ses bénéfices comme faciliter les interventions terrain pour des opérations de prévention et/ou verbalisation, on voit mal au final l’intérêt d’un tel investissement.
Le déploiement massif de la reconnaissance faciale dans une station aussi fréquentée que Châtelet Les Halles pose immanquablement des questions autour de la protection des données personnelles et en terme de respect du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD). Le groupe indique à ce sujet avoir mis dans la boucle la CNIL. « Nous ne collectons pas de données, nous ne les stockons pas », a expliqué quant à lui Xavier Fischer, CEO de Datakalab, à Bloomberg. Selon notre confrère, un délai de 15 minutes existe par ailleurs entre le moment où la captation est effectué et l’envoi aux autorités. « Le logiciel sera déployé pour mesurer combien de personnes suivent les règles mais pas pour trouver qui ne porte pas de masque », indique sous couvert d’anonymat un porte-parole du groupe. Juré, craché !