Faute de composants, la supply chain de Huawei sur le point de plier

L’impact des sanctions commerciales prises par Washington contre Huawei, au motif que la Chine utilise le fabricant à des fins d’espionnage, commencent à se faire ressentir.

Sans processeurs x86, difficile de poursuivre la fabrication et la commercialisation de serveurs chez Huawei. (Crédit Huawei)

Le géant chinois des télécommunications Huawei Technologies a déclaré que les sanctions prises par les États-Unis mettaient sa chaîne d’approvisionnement en difficulté et a appelé Washington à reconsidérer ses restrictions commerciales qui nuisent aux fournisseurs du monde entier. Le plus grand fabricant mondial d’équipements de télécommunications mobiles et de smartphones est sous la pression des sanctions commerciales américaines qui visent à empêcher Huawei d’acheter des puces vendues dans le commerce. « C’est la troisième fois que les États-Unis changent leurs sanctions, mettant notre production et nos activités face à de gros défis », a déclaré le président de Huawei, Guo Ping, à des journalistes réunis à Shanghai.

Washington affirme que Huawei est un Cheval de Troie utilisé par l’État chinois pour mener des actions d’espionnage, et depuis le 15 septembre, Donald Trump a imposé de nouvelles restrictions interdisant aux entreprises américaines de fournir des produits ou des services à l’entreprise. Á plusieurs reprises, Huawei a nié représenter un risque pour la sécurité nationale. M. Guo a déclaré que même si Huawei disposait de suffisamment de puces pour ses opérations BtoB, y compris pour son entreprise de réseau 5G, ses stocks de puces pour smartphones étaient très impactés par les restrictions américaines. « L’entreprise chinoise a compris que des fournisseurs comme Qualcomm demandaient des licences américaines pour continuer à commercer avec elle », a-t-il ajouté. Intel a déjà reçu des licences pour fournir certains produits à Huawei, et la société chinoise Semiconductor Manufacturing International, qui utilise des machines d’origine américaine pour produire des puces pour Huawei, a également fait une demande de licence.

Plus de puces Kirin en fabrication

« Huawei est prête à utiliser les puces Qualcomm dans ses smartphones si Qualcomm obtient une licence pour contourner les restrictions », a ajouté M. Guo. Qualcomm n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaires. « Nous espérons que le gouvernement américain pourra reconsidérer sa politique et si celui-ci le permet, nous sommes toujours prêts à acheter des produits à des entreprises américaines », a déclaré M. Guo en marge de la conférence annuelle Huawei Connect organisée en ligne du 23 au 26 septembre. Huawei a déclaré qu’à la date du 15 septembre, elle avait cessé de fabriquer ses puces les plus évoluées de la série Kirin qui fait tourner ses mobiles haut de gamme. D’après les analystes, Huawei aura épuisé son stock de puces Kirin l’année prochaine.

Craignant la disparition de la division mobile de Huawei, les consommateurs se sont précipités pour acheter les smartphones de la marque. Les vendeurs affirment que le prix de certains appareils a augmenté de 500 yuans (74 dollars US). Washington ne semble pas prêt à renoncer aux sanctions contre Huawei, d’autant que les relations entre les États-Unis et la Chine n’ont jamais été aussi tendues depuis des décennies. Le mois dernier, les États-Unis ont déclaré qu’ils allaient étendre un programme dénommé « Clean Network » pour empêcher diverses applications et sociétés de télécommunications chinoises d’accéder à des informations sensibles sur les citoyens et les entreprises américaines. David Wang, un directeur exécutif de Huawei, a déclaré que l’entreprise espérait que les pays introduiraient des « normes rationnelles » pour la 5G. « Pour l’instant, Huawei n’a pas encore constaté d’impact négatif du programme américain sur ses activités mondiales dans le domaine de la 5G », a-t-il ajouté.

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