La maturité de l’open data progresse nettement en Europe

Le 6ème rapport Open Data Maturity Report 2020, commandé par la Commission européenne à Capgemini, montre que l’Europe est en bonne voie pour atteindre ses objectifs dans l’ouverture des données publiques. Sept pays, dont la France, font partie de l’avant-garde dans leur stratégie open data.

Le réel besoin de données publiques a été plus que jamais mis en évidence avec la pandémie mondiale de Covid-19 vécue depuis un an. La nécessité de répondre à l’urgence a conduit de nombreux pays à commencer à publier des données relatives à ce sujet de santé publique et à développer des initiatives et des tableaux de bord pour rendre les données plus compréhensibles et plus pertinentes, pointe l’Open Data Maturity Report 2020. Ce rapport évalue les progrès réalisés dans la publication et la réutilisation de données ouvertes en Europe. Sa 6ème édition, coordonnée par Capgemini Invent à la demande de la Commission européenne, est accessible sur le site EuropeanDataPortal.eu. Elle montre que « l’Europe est en bonne voie d’atteindre les objectifs fixés » dans ce domaine.

Le portail européen de données recueille les métadonnées des différents portails open data en Europe. Depuis 2015, c’est le principal point d’accès pour trouver des données publiques sur le continent. Il a pour objectif d’en améliorer l’accès et la réutilisation, d’où la conduite de ce rapport annuel. En 2020, le score moyen de maturité sur l’open data s’établit à 78% pour les pays de l’UE et les pays partenaires évalués (EFTA et autres), soit une augmentation de 12 points par rapport à l’an dernier. Quatre axes sont considérés : la politique open data menée, le portail mis à disposition, l’impact de la démarche et la qualité des données ouvertes. Les pays considérés sont répartis en quatre groupes, suivant leur niveau de maturité. Parmi les avant-gardistes, le Danemark tient la corde pour la 1ère fois, suivi de l’Espagne, de la France et de l’Irlande qui conservent la position qu’elles avaient en 2019. Ce groupe de tête qui dépasse les 90% de maturité (selon les critères évalués) est rejoint en 2020 par l’Estonie, la Pologne et l’Autriche, soit 7 pays en tout.

L’Open Data Maturity Report 2020 évalue la politique open data de 35 pays européens ou partenaires de l’UE. (agrandir l’image)

La maturité en France permet de se concentrer sur la qualité

En France, en particulier, il apparaît que le niveau de maturité atteint par les administrations permet au pays de concentrer ses efforts sur la qualité plutôt que sur la quantité de données. Ce constat demande un examen de la stratégie nationale, en cours au moment de l’évaluation, indique le rapport. Cela repose sur une enquête à grande échelle pour renforcer la compréhension des besoins des parties prenantes, incluant les fournisseurs de données et l’usage que la communauté des ré-utilisateurs fait du portail national.

Le deuxième groupe de 13 pays examinés dans le rapport de Capgemini Invent concerne les initiatives open data qui accélèrent. Le score de maturité atteint 80% avec des pays comme l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas ou la Suède (voir graphique ci-dessus). Les deux autres groupes évalués sont composés de pays moins avancés dans leurs initiatives open data ou qui la démarrent.

L’impact et la réutilisation doivent être mesurés

Les différentes politiques et stratégies open data (cadre, mise en oeuvre, gouvernance) déployées par les pays apparaissent comme l’axe le plus mature avec un score moyen de 85%, contre 74% en 2019. Vient ensuite la mise en place des portails (contenu, fonctionnalités, usage, suivi) avec 79%, contre 67% l’an dernier. Et sur ce point, la France et l’Estonie affichent un score de maturité de 99%, talonnées par le Danemark, à 98%. Sur l’axe de la qualité des données et métadonnées (ampleur et exhaustivité, mesures, conformité DCAT-AP, données associées), le score moyen s’élève à 76% contre 65% il y a un an. La qualité n’est pas à considérer de façon isolée, mais comme un catalyseur de l’interopérabilité, indique le rapport. Elle renforce la capacité de coopérer au sein des pays et entre les pays en facilitant l’échange de données entre les systèmes informatiques et en permettant aux réutilisateurs d’extraire de la valeur des données et de créer de nouveaux produits et services.

Enfin, la dimension la moins mature est celle de l’impact (prise de conscience, impact sociétal, environnemental, économique, politique), avec un score moyen de 72%. Elle a néanmoins beaucoup progressé par rapport aux 57% de 2019 mais elle redit la nécessité d’une approche stratégique pour suivre et mesurer la réutilisation des données ouvertes et l’impact généré, souligne le rapport qui détaille sur une centaine de pages ses approches d’évaluation de la maturité des pays dans l’open data.

Recommandations suivant le niveau de maturité

L’Open Data Maturity Report 2020 se termine sur dix recommandations pour chacun des 4 groupes de pays identifiés selon leur maturité open data. Aux avant-gardistes, il est enjoint, entre autres, d’étendre leur écosystème de données ouvertes et de le consolider en développant des communautés thématiques de fournisseurs et de ré-utilisateurs des données. Conduire un réseau de responsables de l’open data permettra d’établir des politiques tirées par les données dans le secteur public, avec un suivi décentralisé des activités et le développement de stratégies de durabilité pour les infrastructures de portails à l’échelle nationale et locale. Il est préconisé de collaborer avec les autres équipes nationales de l’open data, les universités, les institutions de recherche et le portail européen pour développer un cadre d’évaluation de l’impact.

Au 2ème groupe de pays, ceux qui accélèrent fortement sur l’open data, il est d’abord conseillé d’aider au développement d’initiatives open data au niveau local et régional et de se coordonner davantage avec ses équipes. Pour le 3ème groupe, adeptes moins avancés de l’ouverture des données publiques, il convient de mettre en place une structure de gouvernance tenant compte des caractéristiques du pays et d’y engager des entités de ré-utilisateurs potentiels de la donnée ouverte. Ceux qui démarrent doivent d’abord rallier à la cause de l’open data des responsables gouvernementaux au plus haut niveau afin de développer une stratégie nationale.

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