Les femmes du numérique

Alors que l’informatique manque de talents, l’ouvrage Cyberwomen vient rappeler que la moitié de la population ne doit pas être négligée.

Les hommes peuvent-ils se passer des femmes ? Evidemment, non. Si, dans la vie courante, c’est une totale évidence (sans mère, il n’y a pas de fils), il peut sembler, parfois, dans certains milieux professionnels (dont l’informatique), que l’évidence n’est pas si évidente. Or, à l’heure où le numérique manque de bras (et de têtes), peut-on omettre de considérer les candidatures issues de la moitié de la population ? Evidemment, non. Mais il serait stupide de n’y voir qu’un choix par défaut. Cyberwomen, paru aux Éditions Michel de Maule, est le fruit de la collaboration d’une femme, Sylvaine Luckx (journaliste) et d’un homme, Alain Zimeray (photographe). Cet ouvrage dresse les portraits de ces femmes du numérique, toutes contemporaines

Il n’est pas question ici de ressasser de vieilles histoires, de Augusta Ada King, comtesse de Lovelace (considérée comme la première programmeuse), à Margaret Hamilton (qui créa les logiciels du programme Apollo pour la NASA). Au milieu de toutes ces femmes bien d’aujourd’hui, quelques hommes arrivent à se glisser : l’avocat Alain Bensoussan pour un « Point de vue », le préfacier Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI, et le postfacier Henri d’Agrain, délégué général du Cigref. Il fallait bien, tout de même, ne pas oublier la moitié de la population, celle qu’on n’oublie en général pas. 

Des femmes, pas #UneFemme

Et puis, donc, il y a ces femmes, ces vingt-deux femmes, qui ont marqué le monde numérique actuel. Toutes ne sont pas des spécialistes de la cryptologie comme Aurélie Bauer. On trouve des juristes comme Isabelle Falque-Pierrotin (ancienne présidente de la CNIL) ou l’avocate Christiane Féral-Schuhl, encore pour quelques jours présidente du Conseil national des barreaux et contributrice régulière dans nos colonnes depuis plus de vingt ans. On y côtoie des politiques comme Nathalie Kosciusko-Morizet ou Laure de la Raudière. On y rencontre la docteure Nacira Salvan, spécialiste réputée de cybersécurité, présidence fondatrice du Cefcys (Cercle des femmes de la cybersécurité), qui a dû se battre toute sa vie pour avoir le droit d’être une femme libre.

Et pourquoi continuer de choisir dans la liste ? Elles sont là, leurs histoires sont contées avec chair et talent. Ce sont des portraits humains, passionnants, revenant sur des parcours bien sûr souvent hors normes (quoique…) mais aussi toujours inspirants. Qu’importent les femmes du passé ou même les femmes du présent : vivement les femmes de l’avenir. De Louis Aragon à Jean Ferrat, les hommes savent bien que leur avenir est la femme. C’est peut-être là ce qui leur fait peur.

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