Reconnaissance faciale à l’embarquement à Washington Airport

Le Metropolitan Washington Airports Authority (MWAA), l’autorité aéroportuaire indépendante chargée de superviser la gestion et l’exploitation des deux grands aéroports de Washington D.C, permet aux passagers de monter à bord des avions sans carte d’embarquement ni passeport grâce au système de gestion d’identité biométrique veriScan basé sur la technologie de reconnaissance faciale d’Apple.

Le MWAA introduit la reconnaissance faciale dans le processus d’embarquement des compagnies aériennes. (Crédit veriScan)

Dans les aéroports de Washington D.C et dans plusieurs autres aéroports des États-Unis, les passagers peuvent désormais utiliser leur visage comme carte d’embarquement et comme passeport. La procédure de vérification s’appuie sur le système de gestion de l’identité biométrique veriScan basé sur la technologie de reconnaissance faciale d’Apple. En 2018, l’U.S. Customs and Border Protection (CBP), le service américain des douanes et de la protection des frontières, a demandé à l’autorité aéroportuaire de la capitale américaine de mettre en place une solution de vérification biométrique des passagers quittant les États-Unis sur des vols commerciaux. « A l’époque, le CBP utilisait déjà la biométrie dans les aéroports américains pour vérifier l’identité des personnes arrivant sur le sol américain, mais il voulait étendre la procédure aux passagers en partance. C’est pour cela que veriScan a été développé », a expliqué Goutam Kundu, DSI du MWAA.

Depuis, le MWAA, qui exploite à la fois le Ronald Reagan International Airport et le Washington Dulles International Airport, a commencé à étendre l’usage de la biométrie de veriScan à d’autres applications, proposant notamment sa plate-forme à d’autres aéroports du pays. « Étant donné que mon équipe améliorait régulièrement les opérations et le transport des passagers sur nos aéroports, elle possédait déjà une bonne compréhension des besoins commerciaux, existants et émergents », a encore déclaré M. Kundu. « Ces opportunités ont également été validées par nos aéroports partenaires, qui partagent beaucoup de points communs avec nous ».

Une approche développée localement

Au lendemain des attaques du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone, le Congrès américain a demandé au Secrétaire à la Sécurité intérieure d’élaborer un plan pour mettre en place un système automatisé de données biométriques d’entrée et de sortie à la frontière américaine, y compris dans les aéroports du pays. L’U.S. Customs and Border Protection avait mis en place une technologie de reconnaissance faciale aux points d’entrée, et a demandé à la MWAA de reprendre ses normes biométriques pour gérer le départ des passagers depuis ses aéroports. Selon M. Kundu, la MWAA avait besoin d’une solution rapide et facile à mettre en place, mais l’autorité aéroportuaire estimait aussi qu’il était essentiel que la solution offre une meilleure expérience aux passagers, et qu’elle les dérange le moins possible. « Nous voulions éviter d’avoir à installer des infrastructures supplémentaires, onéreuses et lourdes, comme des portes d’embarquement électroniques ou d’autres technologies propriétaires qui, de surcroît, ne pourraient pas évoluer au rythme de la technologie biométrique et des normes réglementaires associées », a encore expliqué M. Kundu. « Nous avons donc cherché une solution viable a minima qui répondrait à nos exigences ».

Pour cela, il fallait éviter les solutions disponibles sur le marché, qui impliquent généralement des modifications à grande échelle de l’infrastructure physique et une technologie à forte empreinte, qui nécessitaient des dépenses importantes. Au lieu de cela, le MWAA a développé sa propre solution en utilisant des iPads Pros d’Apple fixés sur des supports autonomes ou des bras articulés dans la zone d’embarquement. « L’usage de matériels et d’équipements du commerce a permis de se procurer facilement et rapidement tout ce dont nous avions besoin », a encore déclaré le DSI du MWAA. « Cette facilité permet un déploiement extrêmement rapide. Et parce que la tablette peut être montée sur un équipement standard, veriScan est portable et flexible et la solution est adaptée à tous les processus d’embarquement existants de n’importe quelle compagnie aérienne, quel que soit le nombre d’accès pour l’embarquement dont a besoin la compagnie, quelles que soient ses préférences en la matière, sans parler du fait qu’elle peut aussi utiliser le mobilier existant à la porte d’embarquement ». L’équipe chargée de l’innovation au sein du MWAA Labs a conçu, testé et mis en œuvre la plate-forme, en collaboration avec les organismes de réglementation, les transporteurs aériens, les intégrateurs tiers et les équipes d’exploitation des aéroports du Metropolitan Washington Airports Authority. Pour cette plate-forme, le MWAA a reçu le prix « CIO 100 Award in IT Excellence ».

Miser sur une intégration plus large

L’application mobile veriScan est installée sur les tablettes, qui font office de scanners biométriques via la technologie de détection faciale d’Apple. Quand un passager s’approche, la tablette détecte son visage et capture, optimise et crypte sa photo. L’application transmet ensuite la photo au service de vérification des voyageurs, le Traveler Verification Service (TVS) du CBP, qui la compare à sa base de données dans laquelle le service américain des douanes et de la protection des frontières stocke les photos de voyageurs connus. La vérification est quasi instantanée. Le résultat est renvoyé au système veriScan et affiché sur le scanner, indiquant au passager s’il peut procéder à l’embarquement. Selon M. Kundu, cette étape remplace la vérification du passeport à la porte d’embarquement. Pour les compagnies aériennes qui ont intégré leur système de contrôle des départs (DCS) à veriScan, cette étape permet d’effectuer simultanément le check-in du passager, et donc de dématérialiser entièrement le processus d’embarquement. Une fois l’embarquement terminé, toutes les données sont purgées du système veriScan, ce qui garantit qu’aucune information personnelle identifiable (IIP) n’est jamais conservée.

La solution a toutefois rencontré des problèmes de connexion aux systèmes existants de certaines compagnies aériennes. « Nous avons été surpris par les différentes méthodes de communication des données utilisées par les différentes compagnies aériennes », a poursuivi M. Kundu. « Non seulement elles étaient très différentes, mais certaines utilisaient encore des méthodes désuètes que la plupart des autres transporteurs avaient abandonnées ». Par conséquent, l’équipe a dû travailler en collaboration avec les groupes techniques des compagnies aériennes pour concevoir de nouvelles méthodes de transmission des données nécessaires à l’enregistrement. « Au départ, nous pensions qu’un handshake standard de vérification serait suffisant, mais de nombreuses compagnies aériennes préféraient utiliser leur propre système d’identification et de gestion des accès (IDM/IAM), donc, quand elles le demandaient, nous pouvions intégrer notre système au leur », a ajouté le DSI du MWAA.

Biométrie à toutes les étapes du voyage aérien

Selon M. Kundu, l’aspect le plus difficile du projet a été de s’assurer que l’équipe élaborait une solution tournée vers l’avenir, tout en travaillant avec des parties prenantes ayant des priorités différentes. « Nous voulions une solution qui ait un sens pour le passager, indépendamment de tout point de contact sur son trajet dans l’aéroport », a déclaré M. Kundu. « Aujourd’hui, notre défi est de généraliser la biométrie à la porte d’embarquement, et demain, le défi sera d’étendre la biométrie à toute l’expérience du passager jusqu’à la porte d’embarquement : biométrie aux guichets, à l’enregistrement des bagages, aux salons passagers, aux concessions commerciales et plus encore. Pour y parvenir, ce projet a nécessité un partenariat et une collaboration solides avec les entités privées et publiques, ainsi qu’avec les organismes de réglementation partenaires. « Nous avons dû nous rapprocher de chacun d’eux pour trouver un cadre commun qui pourrait fonctionner sur tous ces points de contact avec les passagers ».

Le projet a créé une multitude d’opportunités pour le Metropolitan Washington Airports Authority. Et en particulier, il représente une nouvelle source de revenus pour le MWAA, puisque d’autres aéroports à travers le pays ont acheté des licences pour sa plate-forme. Au niveau international, un projet pilote a été lancé à l’aéroport international de Dublin. Selon M. Kundu, le projet a également conduit le MWAA à développer des relations avec les principaux fournisseurs de système de contrôle des départs (DCS) afin de permettre une plus grande intégration. « Suite à la pandémie de coronavirus et à ses fortes implications financières, les recettes extra-aéronautiques, essentielles dans la viabilité financière d’un aéroport, continueront d’être une priorité pour tous les aéroports », a encore déclaré M. Kundu. Pour lui, la leçon est claire : « Ne croyez pas que les revenus commerciaux sont la seule option quand vous êtes confronté à un problème commercial. Quand la mission est essentielle et peut apporter un élément de différenciation stratégique, mettez vos meilleures ressources à contribution », a-t-il conseillé.

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