Une rentrée offensive sur le cloud pour SAP France

Au 2ème trimestre, SAP France a dépassé les 21% de croissance enregistrés au niveau mondial par l’éditeur allemand sur les revenus de ses solutions cloud. Les migrations vers HANA se poursuivent dans l’Hexagone. Un quart du CAC 40 a choisi S/4HANA, tandis que les PME restent un marché stratégique pour la filiale.

Avant de prendre la direction de SAP France, Frédéric Chauviré était basé à Dublin, vice-président senior, directeur des ventes pour l’Europe du Nord de l’éditeur allemand sur le marché des entreprises réalisant moins de 1 Md€ de chiffre d’affaires. (Crédit : SAP)

En février, SAP France nommait Frédéric Chauviré à sa direction générale, tandis que Gérald Karsenti se recentrait sur ses fonctions de président. Huit mois après son arrivée en France, après 14 années d’expatriation dont 10 chez SAP (succédant à une décennie chez Oracle), Frédéric Chauviré a retrouvé dans l’Hexagone des préoccupations communes à tous les clients. Il les résume en trois formules : top line, bottom line et green line. « Les deux premières restent très classiques », reconnaît-il en énumérant sur la partie top line « comment faire croître les revenus, adresser plus finement les clients, traiter les clients B2B à l’instar de ceux du B2C. « Intersport a par exemple fait le choix de notre offre CX front-end liée à un back office S/4HANA pour avoir une vision unique du client », a-t-il cité en exemple, à l’occasion d’un point presse au siège de Levallois-Perret.

Sur la partie bottom line, les besoins sont axés sur la gestion de la marge et de la prédictibilité. Parmi les contrats remportés sur le 2ème trimestre par la filiale, BNP Paribas a choisi S/4HANA pour « sa capacité à agréger les données d’environnements très hétérogènes, internes à SAP et externes, afin de piloter leurs opérations en live, c’est-à-dire prendre des décisions en fonction des données disponibles à un moment T sans attente », nous a exposé le DG.

La green line, autre défi à relever pour les entreprises

La green line, 3ème axe commun plus récent entre les clients SAP, devrait selon le DG avoir un énorme impact dans le futur. Il se décline sur les employés (comment bien les accompagner et garder les meilleurs talents) et sur l’impact environnemental et sociétal. « L’un des défis des entreprises dans le futur », estime Frédéric Chauviré. Le DG France évoque certaines banques qui donnent déjà des taux d’intérêt différenciés en fonction de la performance environnementale. « Cela va être de plus en plus présent », assure-t-il. Dans ce domaine, SAP a lancé l’offre Climate 21 qui aide ses clients à analyser leur empreinte carbone et leur fournit des options pour la réduire. « Et ça commence chez nous, en France, dans les critères d’intéressement de SAP France, on inclut 30% qui sont liés à notre performance environnementale avec l’objectif de réduire notre empreinte carbone de 30% dans les deux années qui viennent », pointe Frédéric Chauviré. Un poste va être créé chez SAP France pour s’occuper de cette green line, en interne et chez les clients.

Interrogé sur la migration des clients français vers S/4HANA, l’ERP de nouvelle génération reposant sur la base de données maison, le DG indique d’un quart du CAC 40 l’a choisi, parmi lesquels BNP Paribas déjà cité, mais aussi Carrefour, remporté de haute lutte au 2ème trimestre. L’enseigne de grande distribution a retenu S/4, Ariba et l’offre analytique. Autre contrat gagné ce printemps, L’Oréal, qui de son côté utilise HANA pour mettre en place des tableaux de bord associant en temps réel des données SAP et non SAP. Ce projet a été mis en place en 6 mois avec IBM. Concernant la base de données en mémoire HANA, incontournable sur l’ERP S/4HANA, l’éditeur allemand affiche désormais 31 000 clients en direct et 53 000 en indirect via le package du partenaire. Parmi les produits qui montent en puissance, Frédéric Chauviré cite par ailleurs le datawarehouse cloud de SAP (qui n’est pas le remplaçant de BW). Sur cette offre, l’éditeur allemand se positionne crânement face à Snowflake dont le succès fulgurant du datawarehouse natif cloud époustoufle tous les observateurs. 

« 80% de nos 450 000 client sont des PME »

A côté des grands comptes, les PME restent un champ d’action stratégique pour SAP, souligne Frédéric Chauviré, justement chargé de ce marché pour l’Europe du Nord, le Royaume-Uni et la France (les deux plus gros marchés sur cette région en dehors de l’Allemagne) avant de devenir DG de la filiale française. « 80% de nos 450 000 client sont des PME », rappelle-t-il en précisant que ce segment croît très vite mais avec une exigence : que l’offre soit mise en place rapidement. Chez l’éditeur allemand, ce segment couvre toutes les entreprises réalisant moins de 1 Md€ de chiffre d’affaires, dont les filiales de grands groupes, avec 3 solutions. BusinessOne s’adresse aux plus petites (jusqu’à 250 salariés), ByDesign en SaaS convient de 250 à 500 employés) et S/4HANA vise les plus de 500 salariés à travers un réseau d’intégrateurs. Ces derniers ont bâti des accélérateurs de mise en oeuvre sur différents domaines d’activités, finance, RH, retail, etc. En France, 95% des clients PME dans le cloud privilégient un déploiement avec l’un des trois grands « hyperscalers » américains, AWS, Microsoft ou Google, nous a précisé Frédéric Chauviré.

Une feuille de route accélérée sur l’intégration cloud

Parmi les succès de la filiale française au 2ème trimestre figure la croissance de ses revenus cloud. Au niveau mondial, elle a dépassé 21% sur l’ensemble des solutions cloud. « La France se situe au-dessus de ce chiffre, le trimestre clos fin juin ayant été extrêmement positif pour nous », indique le DG en ajoutant observer « que 85% des clients existants qui réfléchissaient à aller vers HANA ont continué leurs projets, les 15% restant les ayant repoussé du fait du Covid, avec des différences par industries ». Depuis février, Frédéric Chauviré a demandé à ses équipes une présence renforcée auprès des intégrateurs sur S/4. « Tous les clients veulent des ROI plus rapides, il faut utiliser davantage le standard ». Le but n’était pas pour autant de faire grossir les rangs de SAP Consulting, modère néanmoins le DG.

Questionné sur l’unification autour de S/4 de l’ensemble des applications cloud rachetées au cours des années (Ariba, Successfactors…), Frédéric Chauviré rappelle que l’intégration applicative est l’un des premiers sujets sur lesquels le CEO de SAP a vraiment pris un gros virage pour la remettre au coeur de la stratégie technologique de l’éditeur. Sur la feuille de route présentée en mars par Christian Klein, « nous étions à 30% des objectifs d’intégration que nous nous sommes donnés, actuellement, nous sommes à 50% et nous prévoyons d’être à 90% d’intégration avant la fin 2020 », expose le DG de la filiale française. Interpellé au passage sur la gestion des accès indirects, qui fut l’un des contentieux sensibles ayant pesé ces dernières années sur les relations avec les clients SAP au niveau mondial, le dirigeant a rappelé la forte réduction des frictions en France depuis la prise en main du dossier par Gérald Karsenti. Pour pacifier la situation, les équipes audit ont été sorties des équipes commerciales. Elles sont indépendantes et opèrent en amont auprès des clients, de façon proactive pour déterminer où en ils sont à un instant T et où ils veulent aller, explique F. Chauviré. « Je suis convaincu qu’il y a eu un changement important », assure-t-il.

SAP.io prépare sa promotion de start-ups Procurement

Comme d’autres grands éditeurs, SAP a pris conscience il y a plusieurs années du rôle important des start-ups pour l’aider à faire progresser ses offres. Son programme SAP.io a déjà enrôlé plus de 200 start-ups dans l’écosystème de l’éditeur allemand. La France n’est pas en reste. Frédéric Chauviré l’a constaté en prenant ses fonctions. « Je ne m’attendais pas à autant de dynamisme et d’innovation ». La dernière promotion a recruté des start-ups RH, dont Andjaro dans laquelle SAP a déjà investi à deux reprises. La prochaine promotion démarre cet automne, axée sur le procurement (gestion de l’approvisionnement), pour apporter des logiciels complémentaires à S/4HANA et Ariba. Le DG français rappelle par ailleurs l’importance des équipes de R&D gérées par SAP dans l’Hexagone : plus de 1000 personnes y travaillent. De façon générale, la filiale a recruté 200 personnes cette année, 50 postes restant encore ouverts d’ici la fin de l’année, dans la R&D, les équipes commerciales et le customer success.

Enfin, SAP France participe aussi aux efforts de formation engagés par différents éditeurs au niveau national. Avec le Fitec, la filiale a bâti le programme People to Work destiné aux personnes en recherche d’emploi. Celui-ci est ouvert à des candidats de niveau BEP à Bac+5. Il leur propose de compléter leurs compétences en se formant à des technologies SAP à travers des parcours individualisés : 90 heures de formation sur les solutions Ventes & Achats ou Comptabilité Fournisseurs et Clients. Plus de 500 personnes les ont déjà suivis. SAP et le Fitec veulent maintenant accélérer pour parvenir à 2000 personnes formées d’ici la fin de l’année.

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