L’avion hyper connecté : comment prévoir une sécurité maximale ?

L’avion devient de plus en plus connecté, une hyper connectivité pratique pour gérer un trafic aérien qui aura déjà doublé dans 20 ans ainsi que pour assurer plus de fiabilité. Ces bénéfices ne seront cependant acquis uniquement si une attention particulière est accordée aux communications qui peuvent aussi s’avérer être un danger.

Alexandre delaby est en charge de l’offre SI industriels chez Formind. (crédit : D.R.)

Jusqu’à aujourd’hui, les commandes mécaniques, les communications radios avec le sol et l’analogique étaient les outils de l’aviation. Mais face à l’intensification du trafic aérien, ils doivent être remplacés par les nouveaux outils numériques afin de facilité la gestion de ce dernier. L’interconnexion des systèmes-commandes du sol vers l’avion et de l’avion vers le sol, et la gestion numérique rendront le travail plus facile, plus efficace et plus sûr.

De plus, le numérique permet d’élargir l’offre commerciale aux clients en leur permettant l’utilisation des téléphones et des ordinateurs. Mais cette transformation extrêmement positive a aussi son talon d’Achille. Cette hyper-connexion demande de porter une attention tout particulière à la cybersécurité, si l’on veut éviter qu’elle soit à l’origine d’une faille.

Des exemples qui donnent froid dans le dos

Les pirates sont déjà opérationnels. En juin 2015, le système de gestion des vols d’une compagnie aérienne polonaise a subi une intrusion. L’attaque n’a pas été détaillée mais a empêché la compagnie de créer les plans de vols pour les avions en partance de l’aéroport Chopin (en Pologne), immobilisant 1 400 passagers et 10 avions sur le tarmac pendant plus d’une demi-journée. Et cela aurait pu être bien plus grave. Il y a de plus en plus d’exemples d’attaques qui nous prouvent qu’il est temps d’investir massivement dans la sécurisation des systèmes.

Au niveau européen, l’European Aviation Safety Agency (AESA) a créé en février 2017 le Centre européen pour la cyber-sécurité dans l’aviation. L’organisme est ouvert à tous les acteurs concernés. Son but est de rassembler les idées et les efforts de tous afin d’unir les forces de chacun pour la sécurité des personnes et des biens. Au niveau mondial, l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a voté une première résolution en faveur de la cybersécurité aérienne en octobre 2016. C’est d’ailleurs devenu le sujet principal de son plan annuel 2018 qui prévoit de créer des standards de sécurité pour l’aviation.

Deux objectifs ambitieux à atteindre

Le monde de l’aéronautique a donc d’immenses défis à relever : réussir la transformation numérique devenue incontournable et la sécurisation des systèmes face aux risques de piratages. Cette dichotomie technologique est parfaitement illustrée par la nouvelle tour de contrôle virtuelle de l’aéroport de Londres, qui verra le jour en 2019. Les contrôleurs seront distants de 130 kilomètres de l’aéroport et devront gérer les avions grâce à des caméras ultra haute définition. « Le plus haut degré de sécurité a été prévu pour ce projet » nous assure le directeur de l’aéroport mais les technologies utilisées seront rapidement dépassées et il sera nécessaire de réévaluer les risques régulièrement.

N’oublions jamais que dans le domaine de la cyber-sécurité, aucune pause ne sera jamais possible. Il faut travailler sans relâche à sécuriser toutes les possibilités d’attaque tandis que les pirates n’ont besoin de trouver qu’une seule faille pour nuire. Peut-on espérer un jour voir ce rapport de force s’inverser ?

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