Le travail des ingénieurs réseaux chamboulé par les SDN programmables

Le SDN a changé le monde des réseaux, imposant aux ingénieurs réseaux de mieux maîtriser les logiciels et d’aller davantage vers l’automatisation. Avec à la clé des gains de temps et une efficacité opérationnelle loin d’être négligeables.

Le succès des réseaux programmables a changé le rôle de l’ingénieur réseaux qui influence désormais fortement son évolution de carrière. (crédit : D.R.)

Le succès des réseaux programmables a changé le rôle de l’ingénieur réseaux. L’acceptation de ces changements est essentielle pour l’évolution de carrière de ce professionnel. Aujourd’hui, d’après le panel d’experts en réseaux réunis par Cisco pour discuter de l’avenir de ce métier, on attend des ingénieurs réseaux une très bonne maîtrise des logiciels et des compétences en automatisation. « Au cours de ces quatre ou cinq dernières années a émergé le besoin pour les ingénieurs réseaux d’acquérir de nouvelles compétences. Ce qui est remarquable, c’est qu’aujourd’hui, ils se sont totalement emparés de ce sujet », a déclaré Zeus Kerravala, fondateur de ZK Research, et animateur du panel. Comme toujours dans le cadre de la transformation numérique, le changement d’attitude est le moteur essentiel qui pousse les entreprises à rendre leur approche plus flexible. Les entreprises doivent fonctionner plus vite, et l’ingénierie réseaux est la clé pour y arriver. « Si l’on regarde les briques numériques que sont l’IoT, la mobilité, le cloud, toutes sont centrées sur le réseaux », a déclaré M. Kerravala. « Une entreprise a besoin d’être agile, mais elle ne peut-être aussi agile que son composant le moins agile. Et le réseau a clairement été pendant longtemps ce maillon faible ».

Le passage à un réseau défini par logiciel (SDN) a permis de moderniser le réseau pour le rendre aussi rapide que le demandaient les besoins de l’entreprise. Le SDN dissocie les couches de contrôle des couches de transmission de paquets et rationalise l’effort nécessaire pour apporter des changements et fournir de nouveaux services. Le SDN permet également au réseau de s’interfacer directement avec les applications via des API sans le recours à des lignes de commande (CLI). « Une autre caractéristique de ces nouvelles infrastructures réseaux, c’est qu’elles s’accordent bien avec la méthodologie DevOps », a encore expliqué M. Kerravala. « Tout le concept DevOps repose sur des principes de développement rapide et d’innovation continue. Il pousse et va de pair avec un réseau plus agile et quasiment mis à jour à la demande ».

Une plus grande aisance en programmation

Pour les ingénieurs réseaux, l’innovation passe par l’adoption d’une mentalité centrée sur le logiciel. « Aujourd’hui, dans l’univers du réseau, les questions essentielles sont : comment faire fonctionner le réseau à l’aide d’un logiciel ? Comment faire plus de choses à l’aide d’un logiciel ? Comment orchestrer un réseau avec d’autres plates-formes logicielles ? », a encore expliqué Zeus Kerravala. « En résumé, l’ingénieur réseaux doit d’abord penser au logiciel, pas au matériel ». Pour cela, il est nécessaire d’acquérir une excellente maîtrise des logiciels. « Cet aspect peut être intimidant au début, mais les ingénieurs réseaux doivent apprendre à faire des appels API et à écrire des scripts de base », ont reconnu les participants à la table ronde. « Même si vous n’êtes pas programmeur ou développeur, vous devez connaître les bases de la programmation. Êtes-vous capables de travailler en Ruby, ou en Python ? », a notamment demandé le fondateur de ZK Research. Ajoutant : « Les outils d’orchestration comme Chef, Puppet et Ansible font partie de la boîte à outils du développeur d’applications d’entreprise et devraient également faire partie de la boîte à outils de l’ingénieur réseaux ».

Ces dernières années, Altus Consulting est passé du statut de revendeur de matériel à celui d’éditeur de logiciels. L’entreprise, dont le siège social se trouve à San Jose, Costa Rica, était au bord de la faillite avant d’ajouter une branche développement logiciel au département d’ingénierie, une décision qui, selon Jose Bogarin Solano directeur de l’innovation d’Altus Consulting, a sauvé l’entreprise. « En tant qu’ingénieurs réseaux, nous connaissions très bien toutes les CLI. Mais, les difficultés sont apparues quand il a fallu innover », a-t-il déclaré lors de la table ronde de Cisco à laquelle il a participé. Grâce aux ressources de la communauté DevNet de Cisco, Altus Consulting a pu former ses propres ingénieurs réseaux pour qu’ils puissent mieux maîtriser le langage logiciel, et ils ont pu se positionner comme consultants en programmation réseau. « Quand nos ingénieurs vont chez les clients, ils peuvent parler de programmabilité des réseaux », a encore expliqué M. Solano.

Des capacités d’automatisation pour libérer du temps

Les nouvelles infrastructures réseaux exigent également des compétences en automatisation de la part des ingénieurs réseaux – « un domaine qui ne les intéressait pas auparavant, mais qu’ils appréhendent plus volontiers aujourd’hui », a déclaré M. Kerravala. « L’automatisation des tâches routinières et tactiques libère du temps pour acquérir de nouvelles compétences et stimuler l’innovation », a-t-il ajouté. « Si vous faites aujourd’hui des choses qui n’ont pas d’intérêt stratégique pour votre entreprise ou qui serviront uniquement à enrichir votre CV, alors ne les faites pas », a dit M. Kerravala. « Personne ne recrutera un ingénieur parce qu’il est capable de configurer un VLAN plus rapidement qu’un autre postulant ».

Par contre, avant de se lancer dans des projets d’orchestration et d’automatisation, les ingénieurs réseaux doivent s’assurer de bien comprendre le fonctionnement du réseau. Un des participants a insisté sur l’importance des compétences de base en réseau avant de s’attaquer à des projets de modernisation. « Les ingénieurs réseaux doivent bien comprendre les principes fondamentaux des réseaux – les protocoles de routage et de commutation, la sécurité matérielle, les réseaux sans fil – avant de se tourner vers l’orchestration et l’automatisation », a ainsi recommandé Abdel Rezk, architecte principal Solutions et Réseaux chez World Wide Technology, un fournisseur de solutions technologiques basé à St Louis, Missouri, valorisé à 10,4 milliards de dollars. « Intéressez-vous à la façon dont le logiciel peut faciliter votre travail quotidien, comment il peut transformer votre organisation », a ajouté M. Rezk. « Cela reste un outil. Il peut vous aider, mais ne peut pas se substituer aux connaissances de base. C’est pourquoi l’acquisition de ces compétences est essentielle ».

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