Slush 2022 : les start-ups qui bravaient le froid

Fondé il y a plus de 10 ans par l’association Aaltoes, pour promouvoir le développement de l’entrepreneuriat international, le salon Slush Helsinki a ouvert ses portes les 17 et 18 novembre 2022 avec toute une série de manifestions dans la capitale. Retour sur un évènement majeur – avec le Web Summit de Lisbonne – dans le petit monde des start-ups européennes.

Pendant quelques jours – avant, pendant et après les deux journées du salon Slush Helsinki 2022 (les 17 et 18 novembre) – l’écosystème des start-ups s’est retrouvé dans la capitale finlandaise pour discuter financement, opportunités commerciales et bien sûr technologies. 20 000 personnes sont donc attendues cette semaine sur cette convention très bien organisée. À la différence de l’événement Vivatech à Paris, les entrées sont fluides et les allées suffisamment bien agencées pour laisser circuler les visiteurs d’une zone à une autre. Un exemple à suivre pour le salon français.

Lors de cette manifestation au centre de congrès d’Helsinki, nous avons rencontré des start-ups locales, comme IQM spécialisé dans l’informatique quantique ou Teraloop dans la gestion de l’énergie, une délégation ukrainienne, ainsi que des jeunes pousses de la délégation française regroupée autour du pavillon FrenchTech. Nous reviendrons la semaine prochaine sur IQM et l’accord passé avec Atos pour promouvoir et commercialiser des ordinateurs quantiques, notamment dans le cadre d’accélérateurs quantiques qui viennent se greffer sur des systèmes HPC pour effectuer plus rapidement certains calculs. IQM a déjà commercialisé ses systèmes en Allemagne chez LRZ à Leibniz et en Finlande chez CSC.

Ambiance décontractée, mais studieuse dans les allées du salon Slush 2022. (Crédit S.L.)

37 start-ups dans la délégation française 

Côté France, le pavillon FrenchTech accueillait 37 start-ups sélectionnées avec BusinessFrance, dont 17 exposeront sur des stands à tour de rôle. Clément Lepert, coordinateur au sein du département technologie numérique chez BusinessFrance, nous a expliqué que les jeunes pousses françaises comme Bublr, Daylindo ou Offishall sont à la fois en quête de notoriété sur la scène européenne et à la recherche de fonds complémentaires pour assurer leur développement. Mais comme nous l’a expliqué Bruno Ronzanin, directeur technique d’Offishall, « les investisseurs sont très présents sur cet événement, mais nous n’avons pas beaucoup de rendez-vous. Il y a surtout beaucoup de communication autour des VC ».

Un stand modeste pour la FrenchTech, la priorité était d’amener un grand nombre de start-ups à Slush. (Crédit S.L.)

Un mot sur la solution développée par la start-up Offishall, fondée en 2020 par Audrey Barbier-Litvak, une ancienne dirigeante de Wework France. Elle entend répondre aux bouleversements opérés dans le monde du travail – suite à la pandémie – avec un fort développement du travail hybride dans les entreprises, à savoir quelques jours de télétravail par semaine ou par mois. Les responsables d’équipes doivent aujourd’hui jongler avec les plannings de leurs collaborateurs pour savoir qui vient au bureau ou pas pour organiser des meetings sur place ou en mode distant. Avec sa solution capable de s’interfacer avec des outils RH comme Lucca (pour intégrer un projet) ou Workday (avec Azure Active Directory), Offishall propose une gestion plus fine des plannings des collaborateurs avec une visualisation rapide des présents, la possibilité de savoir où sont installés des collègues et la création de groupe de travail. Commercialisée en mode SaaS, la solution d’Offishall est hébergée chez Digital Ocean, à Francfort et Amsterdam, avec un focus important sur la latence pour assurer un bon temps de réponse. Parmi les clients de la jeune pousse, citons L’Oréal, le BHV ou BeForBank (groupe Crédit Agricole). À ce jour, Offishall emploie une dizaine de personnes.

Affichant une belle maitrise de ses sujets, le directeur technique d’Offishall, Bruno Ronzani, était sur le pont à Slush 2022. (Crédit S.L.)

Si les solutions autour du métaverse étaient très nombreuses sur le salon, une autre start-up française baptisée Bublr a développé une plateforme d’engagement dans un environnement 3D collaboratif (sur un navigateur avec ou sans lunettes VR). Créée en 2021 par Nassim Hadjoudj (cofondateur et directeur général) et Frédéric Bussières (cofondateur et directeur technique), cette entreprise, qui revendique un siège social “virtuel” en Corrèze, adresse les marchés de la formation, de la communication et des RH avec une plateforme proposant de rassembler des collaborateurs ou des partenaires dans un hub virtuel. Les tarifs sont sages, 25€ par endroit, et un studio de design graphique externe peut assurer l’intégration des éléments propres à l’identité graphique d’une entreprise (logo et couleur) et la création d’avatars élémentaires. L’idée n’est pas d’afficher un design aussi soigné que le projet Meta Pro, mais une plateforme facile à mettre en place pour des projets collaboratifs et des actions commerciales. La plateforme de Bublr est hébergée chez OVH et Amazon, selon les désirs et besoins du client. “ Le RGPD et la sécurité sont demandés par un certain nombre de clients et, si besoin, le stockage peut être effectué sur un serveur local”, nous a indiqué Nassim Hajoudj. Décathlon et un grand groupe d’assurance font déjà confiance à Bublr pour leur communication virtuelle.

Les deux cofondateurs de Bublr (avec un seul B), Nassim Hadjoudj et Frédéric Bussières, dans la petite allée des start-ups françaises à Slush. (Crédit S.L.) 

Formation des cols bleus

Toujours sur le stand France, nous avons rencontré l’équipe de Daylindo, qui s’attaque à la formation des métiers, et plus précisément celle des cols bleus avec sa solution SaaS. “Les cadres bénéficient de formation de type e-learning depuis plusieurs années, mais les cols bleus qui sont sur le terrain ne peuvent pas accéder aux mêmes outils”, nous a exposé Gerardo Marcotti, fondateur et directeur général de Daylindo. “Pour former des apprentis, l’Education nationale possède peu d’outils pour aider les professeurs à suivre et évaluer l’évolution du portefeuille de compétences des apprentis chez un employeur”. Idem pour l’accompagnement des personnes en réinsertion professionnelle. Orange emploie cet outil SaaS pour former et accompagner la montée en compétence de ses installateurs (fibre et autres), qui sont souvent employés par des sous-traitants, avec des tutoriaux et des vidéos. Fondé en 2017, avec un produit arrivé à maturité en 2021, Daylindo héberge également sa solution chez OVH. La start-up emploie une quinzaine de personnes dans la région parisienne et en Alsace.

Le cofondateur et directeur général de Daylindo, Gerardo Marcotti, vient accompagner les cols bleus dans leur formation professionnelle. (Crédit S.L.)

Toutes ces start-ups qui ont bénéficié d’un premier tour de table ou de capitaux propres pour démarrer leurs activités sont montées en Finlande en espérant gagner en notoriété et attirer des investisseurs à la recherche de la prochaine pépite. Mais la concurrence est rude sur le salon Slush avec des délégations imposantes comme celle de l’Allemagne. Même le pavillon polonais affichait une bannière plus impressionnante que celle de la France. “Les autres pays mettent beaucoup d’argent sur les stands”, nous a avoué le coordinateur de Business France, “la position de la France est de mieux accompagner les start-ups, avec des efforts investis sur les prises de paroles pour mettre en avant les solutions”. L’ambition de Business France sur ce salon est bien sûr de promouvoir les start-ups tricolores, mais également d’attirer des investissements en France, comme celui de la start-up IQM, qui a ouvert un bureau à Paris avec deux représentants, mais également de grosses entreprises internationales.

En deux parties, le stand allemand à Slush était vraiment immense. (Crédit S.L.)

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