Top 250 : +10% de croissance en 2020 pour 1/3 des éditeurs français

Les éditeurs de logiciels français montrent une certaine résistance dans ce contexte de crise sanitaire grâce à la forte dynamique sur laquelle ils étaient engagés en 2019, avec un chiffre d’affaires de 17 Md€ en croissance de 8%. Pour 2020, les 3/4 des éditeurs prévoient une croissance positive ou nulle et 72% auront augmenté leurs effectifs.

53% des éditeurs du panel du Top 250 prévoient de réaliser en 2020 une croissance supérieure à 5%. (Crédit : Syntec Numérique/EY Tech’In France)

La 10ème édition du Panorama Top 250 de Syntec Numérique, réalisé avec EY et présenté cette année en commun avec Tech’In France, fournit l’occasion de braquer les projecteurs sur 5 éditeurs de logiciels français à la trajectoire remarquable. Après Mirakl, Voodoo, Payfit, Algolia et Shift Technology l’an dernier, c’est au tour de Cardio Logs (grand prix du jury), HiveBrite (prix de l’international), LumApps (prix de l’innovation), Talentsoft (prix SaaS) et MadBox (prix Jeux vidéo) d’être mis en avant en 2020. La présentation de ce Top 250 s’accompagne d’une étude approfondie de EY sur l’écosystème des éditeurs français à travers un panel qui regroupe pratiquement 350 sociétés dont le siège social est basé en France, hormis quelques exceptions. Sur l’année 2019, avant la crise sanitaire, le chiffre d’affaires du panel ainsi considéré s’est élevé à 17 milliards d’euros, en croissance de 8% par rapport à 2018 où la progression avait été de 7%. Jean-Christophe Pernet, associé du cabinet EY, qui a présenté les chiffres lors d’un point presse en ligne, précise que le panorama est construit sur un périmètre constant, chaque société participant à l’enquête fournissant ses chiffres sur 3 ans.

Il constate que les éditeurs ont diversement contribué à la dynamique de croissance de l’an dernier soulignant la forte contribution des éditeurs horizontaux s’adressant à tous les secteurs d’activité, comme Cegid (dans la gestion) ou Talend (dans l’intégration de données), tandis que celle du secteur des jeux vidéos a été moins importante en lien avec le rythme de sortie de jeux (avec une réserve de taille puisque le panel n’intègre pas cette année Voodoo, en très forte croissance). Sur l’ensemble des éditeurs, EY note une surperformance de la catégorie 50/100 M€ de CA, soit une vingtaine d’éditeurs dont certains très dynamiques, comme Ivalua ou Talentsoft.

Le modèle SaaS a joué un rôle d’amortisseur

Sur la croissance envisagée en 2020, dans ce contexte de crise qui impacte leurs performances, un quart des éditeurs s’attend à une décroissance alors que trois quarts d’entre eux tablent sur une croissance positive ou nulle. Sur ces derniers, 34% prévoient une croissance supérieure à 10%, 19% la situe entre 5 et 10% et 22% entre 0 et 5%. Jean-Christophe Pernet cite deux éléments de résistance important sur ce secteur. D’une part, la montée en puissance et le caractère structurant des modèles d’abonnement au sein du panel puisque 40% du mix du chiffre d’affaires est fait à travers le modèle SaaS qui repose sur ce type de contrats. « Ce modèle a joué un rôle de formidable amortisseur sur l’activité des éditeurs, leurs clients ne peuvent pas, sauf rares exceptions, interrompre les contrats ». D’autre part, la crise a mise en lumière des besoins de digitalisation qui existaient déjà de façon structurelle. « Les 2/3e des éditeurs du panel disent que la crise a amené des opportunités de croissance pour les éditeurs de logiciels », pointe l’associé de EY.

Sur l’ensemble des éditeurs, 18% du chiffre d’affaires est investi dans la R&D. (Crédit : Top250)

Sur les effectifs, les tendances sont cohérentes par rapport au chiffre d’affaires avec une augmentation de 12% des effectifs nets sur 2019 et de 20% sur deux ans, ce qui représente 16 300 emplois nets générés sur la période. Et sur les prévisions de recrutement, 72% des éditeurs prévoient une hausse des effectifs sur 2020, ce qui montre une forme d’ambition de la part des éditeurs dans ce contexte, souligne Jean-Christophe Pernet. Un profil précis est particulier recherché, les développeurs, les éditeurs cherchant en priorité à recruter des ressources en lien avec la R&D. « Nous sommes sur des niveaux d’investissement très importants », note l’associé de EY. Et sur les effectifs R&D, le mix réparti entre France et étranger est assez stable. « Cela conforte l’idée selon laquelle la France est une terre d’investissement propice en matière de R&D avec l’environnement fiscal, le statut jeune entreprise, le CIR, c’est stratégique pour un éditeur d’avoir la majeure partie de sa R&D positionnée en France ». 

HiveBrite, une plateforme SaaS pour gérer des communautés privées

Quant au sujet de l’international, il reste un défi difficile pour les éditeurs français. La part du chiffre d’affaires réalisé hors de France par le panel du Top 250 est restée stable, autour de 57%, mais il dépend encore beaucoup des éditeurs de plus de 100 M€ de chiffre d’affaires, malgré l’émergence de nouveaux acteurs dont EY souligne l’ADN très international. Dans la très grande majorité des cas, ceux-là ont, dès l’origine conçu des solutions pouvant être commercialisées à l’étranger et placé une partie de leurs équipes dans les pays qu’ils voulaient investir, au premier rang desquels les Etats-Unis.

C’est le cas de l’éditeur HiveBrite qui a reçu cette année le prix de l’internationalisation avec sa plateforme SaaS pour créer et gérer des communautés privées : anciens élèves, anciens collaborateurs d’une entreprise, réseaux professionnels, organisations non gouvernementales, etc. « Nous avons pensé à l’international depuis le départ et misé aux Etats-Unis sur des profils très aguerris. Nous avons là-bas une équipe très performante qui prolonge la croissance que nous avions créé avant », a exposé Jean Hamon, fondateur et DG de HiveBrite. 90% du chiffre d’affaires de l’entreprise est réalisé à l’étranger. Parmi ses clients figurent des organisations telles que le Cern, les universités de Stanford et de Princeton, l’OMS, le CDC (Center for Disease Control) et la bourse de New York (Nyse).

Le développement à l’international reste un défi difficile pour les éditeurs français. (Crédit : Syntec Numérique/EY – Tech’In France)

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