Capgemini fête ses 50 ans

Le 1er octobre 1967, Serge Kampf fondait à Grenoble l’entreprise Sogeti. Un demi-siècle plus tard, le chef de file des SSII françaises s’est imposé dans le Top 10 mondial des entreprises de services numériques, avec près de 200 000 employés dont la moitié en Inde.

En 2012, après 45 ans à la tête de Capgemini, son fondateur Serge Kampf (au milieu) passe le témoin à Paul Hermelin (à droite) qui devient PDG. (crédit : Capgemini)

Il y a 50 ans, à Grenoble, Serge Kampf créait avec quelques salariés une structure de services informatiques baptisée Sogeti, un acronyme court facilement mémorisable signifiant alors « Société pour la gestion de l’entreprise et le traitement de l’information ». Ainsi naissait, le 1er octobre 1967, ce qui devait devenir en 2017, sous le nom de Capgemini, un groupe mondial de 12,5 milliards d’euros et près de 200 000 collaborateurs, présent dans plus de 40 pays. De cette épopée, Serge Kampf « fut l’inspirateur de bout en bout », écrit Paul Hermelin, PDG de Capgemini depuis 2012, dans un document consacré à ce demi-siècle d’existence. Mais pour la première fois, le fondateur, disparu en mars 2016 à l’âge de 81 ans, ne prendra pas « sa plume légendaire » pour commenter cette étape symbolique, « lui qui avait toute la légitimité et toute la profondeur historique nécessaire » pour le faire, regrette l’actuel dirigeant, arrivé en 1993 au sein de la 1ère SSII française, hissée au Top10 mondial.

1972… cinq ans après la création de Sogeti, ses principaux dirigeants lors d’un séminaire en Corse : José Bourboulon, Robert Thoral, Serge Kampf (3ème à partir de la droite) et Jean-Baptiste Renondin. (Crédit : Capgemini)

« Ce qui me fascinait avant tout chez Serge, c’était sa capacité à s’intéresser aussi bien aux petites choses qu’aux plus grandes (…), à réfléchir avec fulgurance à sa stratégie et anticiper avec justesse des évolutions encore peu visibles de notre métier », se souvient Paul Hermelin dans un document consacré aux 50 ans de Capgemini. « Serge n’avait pas peur de réinventer sans cesse le groupe qu’il avait façonné », ajoute-t-il en insistant aussi sur les « valeurs profondément humaines » du fondateur, que l’on sait notamment inspirées du rugby. Dès ses 1ères années d’activité, Sogeti s’impose comme un acteur reconnu sur son marché en proposant toute la gamme des services informatiques, de l’assistance au démarrage à la conception de programmes en passant par la saisie et l’exploitation des données. Avant son 10ème anniversaire, la SSII est aussi l’une des premières en Europe à se lancer dans l’outsourcing, devenu par la suite infogérance, et à faire du conseil en organisation.

Au milieu des années 70, Sogeti reprend Cap et Gemini

En 1975, Sogeti reprend Cap et son expertise des grands systèmes, ainsi que Gemini et développe son implantation internationale, en Europe et aux Etats-Unis où ses équipes s’installent en 1978. En 1985, Cap Gemini Sogeti entre à la Bourse de Paris et en 1987, acquiert Sesa. L’intégration à l’indice boursier CAC 40 se fait en 1988. Entre 1990 et 1997, la société de services redéfinit ses métiers et se donne pour objectif de prendre la 1ère place partout. Le capital est ouvert à Daimler Benz en 1991 mais l’alliance prend fin six ans plus tard. Hoskyns est racheté. Redevenu indépendant à la fin des années 90, Cap Gemini surfe sur l’an 2000, Internet et l’euro, puis acquiert Ernst & Young Consulting en 2000 en consolidant son assise outre-Atlantique. Mais l’éclatement de la bulle Internet l’atteint directement. Paul Hermelin devient directeur général de Capgemini en 2002. Deux ans plus tard, la croissance revient et le groupe s’ouvre à d’autres horizons. En 2012, le fondateur passe les commandes à son successeur.

2012… Serge Kampf (à gauche) transmet le flambeau à Paul Hermelin. (Crédit : Capgemini)

Outre le conseil, Capgemini couvre aujourd’hui trois grandes catégories de prestations informatiques : les services applicatifs allant de la conception à la maintenance des applications, les services de technologie et d’ingénierie pour accompagner les équipes IT internes et les autres services d’infogérance. Ses clients évoluent dans tous les secteurs d’activité, da la banque/assurance au secteur public, de l’industrie à l’énergie, des télécommunications aux médias et des biens de consommation aux sciences de la vie.

Kanbay, CPM Braxis, Igate : 3 rachats stratégiques

Interrogé par la rédaction de LMI sur les grands jalons des dix années écoulées, Christophe Bonnard, président du Country Board en France (qui assure la coordination transversale des activités), cite trois rachats importants. Dans l’histoire la plus récente, celui d’Igate en 2015 a permis de renforcer la présence outre-Atlantique et « fait des Etats-Unis la première géographie de ce groupe né à Grenoble, ayant constitué une forte empreinte en Europe, avec par ailleurs une croissance très forte en Asie-Pacifique », décrit-il. En 2010, l’acquisition du Brésilien CPM Braxis avait permis au groupe de faire son entrée en Amérique du Sud, rappelle encore le dirigeant. Mais c’est en 2007, avec le rachat de Kanbay International qu’a eu lieu « le coup d’accélération dans l’option stratégique du groupe de se développer fortement en Inde ». De fait, sur 200 000 collaborateurs, Capgemini en compte aujourd’hui la moitié en Inde.

L’effectif de Capgemini dépasse les 193 000 collaborateurs dans le monde. Au 1er semestre, l’Amérique du Nord a pesé 30% du chiffre d’affaires, la France 21%, le Royaume-Uni/Irlande 14% et le reste de l’Europe 27%. Si l’Asie Pacifique et l’Amérique latine ne comptent que pour 8%, leur croissance grimpe à 11%. (Crédit : Capgemini)

Sur l’évolution des activités, outre ce très fort développement dans cette partie de l’Asie, Christophe Bonnard souligne aussi le tournant du digital et du cloud sur lesquels le groupe français « est positionné comme un acteur global ». Digital et cloud pèsent 35% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise de services numériques sur le premier semestre 2017, avec une croissance de 23% (à taux de change constant) du chiffre d’affaires associé. Compte-tenu de la croissance générale du groupe (+2,5% au 1er semestre) et du ralentissement sur les autres domaines, « nous avons vraiment un mouvement très fort qui s’opère vers la transformation numérique et le cloud », pointe Christophe Bonnard.

50 000 recrutements par an dont 4 000 en France

A l’aube de la 51ème année de Capgemini, le président du Country board en France évoque lui aussi la mémoire de Serge Kampf. « Ces 50 ans résonnent de façon différente. Nous avons fêté les 30 ans et 40 ans et il y avait toujours à la table le fondateur du groupe. Pas cette année. C’est un moment spécial », reconnaît-il. L’héritage du fondateur se perpétue néanmoins, à travers les hommes et les femmes du groupe. « Nous recrutons énormément, 50 000 personnes dans le monde par an dont 40% de jeunes diplômés », rappelle Christophe Bonnard. « En France, nous sommes 23 000 et recrutons 4 000 personnes par an ».

Au fil des années, les équipes se sont largement diversifiées, entre Inde, Amériques et Europe. « Nous accompagnons nos grands clients dans leurs opérations mondiales. Sur l’évolution des collaborateurs, nous investissons beaucoup dans la formation, nous avons également bâti des campus. Et nous soignons le respect des valeurs du groupe écrites par Serge Kampf, dérivées de ses valeurs, dont son amour du rubgy, adaptées à un contexte global », conclut Christophe Bonnard.

En 2007, le siège parisien de Capgemini à Paris lors de la Coupe du Monde de rugby 2007 sponsorisée par la SSII française. (Crédit : Capgemini)

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